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Jean Lemaire de Belges, rhétoriqueur de France et de Bourgogne

Premier colloque consacré au grand rhétoriqueur Jean Lemaire de Belges (1473-1524), poète et historien à la cour de Bourgogne puis de France, dont l’œuvre est emblématique des années charnière entre Moyen Âge et Renaissance. Il réunira des spécialistes de huit pays différents, relevant de trois disciplines principales : littérature, histoire, histoire de l’art.

  • Du 10 Juil. 2022 au 12 Juil. 2022

  • 09:00 - 17:00
  • Colloque
  • Monastère royal de Brou à Bourg-en-Bresse. Entrée libre

Quarante ans plus jeune que François Villon et vingt ans plus âgé que Clément Marot, Jean Lemaire de Belges a longtemps occupé une place inconfortable dans l’histoire de la critique, entre Moyen Âge et Renaissance. Il y apparaît comme un Janus bifrons, héritier des formes et de l’idéologie d’un Moyen Âge finissant d’une part, précurseur de la Renaissance de l’autre, pour sa sensibilité aux formes et idées nouvelles venues d’Italie.

Le regain d’intérêt pour les grands rhétoriqueurs depuis les années 1970 a permis de préciser les contours de cette esthétique aux multiples facettes et de replacer Lemaire dans un moment à part entière de l’histoire littéraire, à la charnière des XVe et XVIe siècles, où foisonnent les poètes et historiographes au service des grandes cours princières d’Europe, qui expérimentent de nouvelles formes d’écriture. Cette lame de fond de la critique a conforté la prééminence de Lemaire, qui est à ce jour le rhétoriqueur le plus édité et qui suscite encore les plus nombreuses et les plus larges études. Une grande part de cet intérêt pour Lemaire s’explique par son parcours, de la cour de Bourgogne à celle de France, en passant par ses séjours lyonnais et italiens. La variété de l’œuvre de cet écrivain prolifique et polygraphe retient également l’attention : déplorations funèbres et autres œuvres de circonstance, traités historiographiques, parfois pamphlétaires, chroniques, ou épîtres humoristiques et familières. Ces œuvres sont écrites en vers, en prose ou en prosimètre, et sont souvent assorties de réflexions sur le choix même de ces formes et des moyens stylistiques à disposition du Rhétoriqueur.

Lemaire maîtrise l’art du montage formel, peut-être du réemploi, afin de donner à ses productions une profondeur que la critique n’a pas fini d’explorer. Lemaire est aussi un des premiers à faire éditer ses œuvres, avec privilège, mais il ne boude pas la production de manuscrits. Il est au cœur des réseaux d’écrivains de son temps (Jean Molinet, Guillaume Cretin, Jean d’Auton, Jean Marot, Pierre Sala) mais aussi des peintres (notamment Jean Perréal) et d’autres artistes (sculpteur comme Michel Colombe, musicien comme Josquin Desprez). Sa fortune traverse le XVIe siècle : Clément Marot parle de lui comme un maître, Du Bellay voit en lui un des premiers illustrateurs du français, ses pamphlets circulent en Europe durant les guerres de religion.

Ce colloque sera l’occasion de dresser le bilan de ces recherches foisonnantes sur Lemaire, qui mobilisent quinziémistes et seiziémistes, littéraires, historiens et historiens de l’art, en France, en Europe et au-delà, mais aussi d’ouvrir de nouvelles perspectives de recherche. Il réunira pour la première fois une communauté de spécialistes dispersée, à la fois internationale (8 pays différents représentés) et pluridisciplinaire (littérature, histoire, histoire de l’art).

Il se déroulera au monastère royal de Brou (monument historique), qui a été construit à l’initiative de Marguerite d’Autriche, protectrice de Lemaire, pour y faire abriter le tombeau de son époux, celui de sa belle-mère et à terme également le sien. Marguerite d’Autriche a chargé Lemaire de s’occuper en particulier du programme ornemental du monastère, c’est-à-dire la réalisation des tombeaux (choix de l’albâtre, supervision de l’extraction, négociation du contrat avec le sculpteur, etc.). Le monastère royal de Brou est ainsi un lieu emblématique de la carrière de Lemaire. Le choix de Brou est également motivé par le souhait de faire découvrir la vie et l’œuvre à un public plus large que celui des seuls spécialistes. Le colloque sera en effet précédé par une manifestation de vulgarisation scientifique : une conférence-théâtre. Une des œuvres de Lemaire sera mise en scène par une comédienne et commenté par un des plus grands spécialistes de l’œuvre de Lemaire, chercheur à l’université de Rutgers (États-Unis).

Organisé par Adeline Desbois-Ientile, maîtresse de conférences à l’UFR de langue française, spécialiste de la langue et de la littérature de la Renaissance, et en particulier de l’œuvre de Jean Lemaire de Belges.

Partenaires
    . Ellen Delvallée, chargée de recherches (université Grenoble-Alpes et CNRS)
    . Pierre-Gilles Girault, conservateur du patrimoine, directeur du monastère royal de Brou à Bourg-en Bresse