Mission archéologique - Dréros (Grèce)

Fouilles et étude d’une cité crétoise

Responsables de la mission : Alexandre Farnoux, Université Paris-Sorbonne (Paris IV), Vassiliki Zographaki, Ephorie d’Aghios Nikolaos.

Dréros, vue générale du site

Dréros, vue générale du site

 

Histoire du site

Dréros est une petite cité de Crète (région du Mirambello) dont l’occupation a été continue depuis l’époque archaïque jusqu’à la fin du IIIe siècle av. n. ère, date à laquelle la cité fut détruite et abandonnée par ses habitants. Le site a été occupé également à l’époque byzantine, mais cette occupation n’a pas concerné la totalité de la surface de la cité antique. A l’époque moderne le site est complètement déserté.

Le site de Dréros a été très sommairement exploré au début du XXe siècle et il a livré des trouvailles significatives, notamment des textes épigraphiques qui sont parmi les plus anciens textes politiques connus pour le monde grec (datés de la fin du VIIème siècle) et deux temples archaïques (datés là encore du VIIème siècle) dont l’un conservait encore les statues de culte et les vestiges bien conservés de la pratique religieuse (autels etc.). Toutefois, la ville elle-même n’avait quasiment pas été fouillée et les vestiges n’avaient jamais été cartographiés ni précisément relevés.

La reprise de l’étude du site de la Dréros antique a eu lieu il y a quatre ans maintenant. Elle est le fruit d’une collaboration franco-grecque et implique plusieurs institutions françaises et étrangères (Ecole française d’Athènes, université de Paris-Sorbonne, université de Strasbourg, Ephorie de Crète orientale, mairie d’Aghios Nikolaos).

Les deux premières campagnes (2008 et 2009) ont surtout été consacrées à des prospections et relevés topographiques et à des sondages tests qui ont permis de repérer les secteurs de la ville où il serait intéressant de mener des fouilles extensives. Ces dernières ont commencé véritablement en 2010 avec des résultats déjà très prometteurs.

Quelques résultats scientifiques

Les fouilles ont porté en premier lieu sur des aménagements remarquables du site qui étaient déjà connus par les études anciennes.

A/ Le premier d’entre eux est situé au sommet de l’acropole occidentale. Il était considéré, depuis sa découverte au début du XXe siècle, comme un édifice public, un andreion destiné à accueillir les banquets publics des Drériens. Cet édifice était daté du VIIe siècle. La reprise de sa fouille et son étude architecturale a eu pour conséquences :

  • La remise en question du plan qui était jusqu’à présent considéré comme celui de l’édifice.
  • La période d’utilisation : la construction paraît remonter, comme on l’avait pensé, au VIIe siècle, mais l’édifice a été utilisé jusqu’à l’époque hellénistique (sans doute jusqu’à la disparition de la cité au IIIe siècle) et a connu plusieurs remaniements qui ont pu être mis en évidence par l’étude architecturale.
  • la fonction de cet édifice : loin d’être un andreion, l’édifice apparaît plutôt comme un temple, consacré à une divinité non identifiée mais qui devait jouer un rôle important dans la cité de Dréros.

B/ La zone de l’Agora a été également explorée avec des résultats significatifs. La place et ses aménagements sont mieux connus aujourd’hui car ils n’avaient été que très partiellement dégagés au début du XXe siècle. Cette place bordée de gradins et que longeait une rue sur le côté occidental est maintenant datée de l’époque hellénistique, datation qui a été rendue possible par des sondages profonds. Il s’agit là encore d’une remise en cause majeure de ce qui était connu avant notre intervention, puisque l’agora était présentée comme une agora archaïque.

 

C/ Nous avons également fouillés deux ensembles d’habitation, situés pour l’un sur l’Acropole occidentale, non loin du temple de l’Acropole et pour l’autre au Nord de l’Agora. Ces deux ensembles offrent une connaissance des maisons drériennes dont l’organisation nous échappait complètement puisqu’aucune maison n’avait été avant nous entièrement fouillées. Outre l’intérêt du matériel qui y ont été recueilli, on peut signaler également la possibilité qui s’ouvre d’une analyse de l’habitat crétois et l’urbanisme d’époque hellénistique.

Des étudiants impliqués

Les fouilles de Dréros ont bénéficié du soutien financier de l’UFR d’art et d’archéologie de l’université Paris-Sorbonne, de l’ED 124 de la même université et de l’UMR 8167. Chaque année en effet, des étudiants ont pu bénéficier de financements pour participer aux missions de terrain ou pour mener leur propres recherches. Outre, en effet que Dréros a pu accueillir des étudiants stagiaires sur les fouilles (stages en Licence 3, en Master 1 et 2 et en Doctorat), plusieurs d’entre eux ont maintenant des sujets de recherches qui impliquent le site de Dréros ou du matériel qui en provient.

- En Master 1, sous la direction d’H. Brun :

  • Pierre Baulain, L’archéologie de la vie politique : le cas des cités crétoises d’époque hellénistique.

- En doctorat, sous la direction d’A. Farnoux :

  • B. Dercy, La céramique de Dréros à l’époque hellénistique : l’étude du dépôt du secteur 5.
  • R. Bardet, L’alimentation en eau des cités crétoises à l’époque historique
  • Fl. Gaignerot, Analyse des territoires des cités crétoises à l’époque archaïque

- En doctorat, sous la co-direction d’A. Farnoux et de M.-Chr. Marcelesi :

  • C. Carrier, le Monnayage des cités crétoises à l’époque hellénistique : le cas de Gortyne.

Enfin, D. Lefèvre-Novarro (MCF à l’Université de Strasbourg) a soutenu en novembre 2012 une HDR sous la direction d’A. Farnoux. Son mémoire portait sur les territoires des cités crétoises dans les régions du Mirambello et de la Messara. Elle s’appuyait pour partie sur les résultats d’une prospection du territoire de Dréros qu’elle conduit depuis 2009.