Pôle : « Europe des Lumières »
Le projet « Europe des Lumières » a pour objectif d'initier, de développer et de coordonner des travaux de recherche en histoire, lettres, philosophie, histoire de l’art, langues portant sur cette période charnière de l'histoire du continent européen.
Organigramme
Christophe Martin, UFR Littérature française, UMR CELLF
Céline Spector, UFR Philosophie, UMR SND
Jean-Christophe Abramovici, UFR Littérature française, UMR CELLF
Philippe Audegean, UFR Philosophie, UMR SND
Outre les porteurs de projet et les autres membres fondateurs, le Conseil scientifique du Pôle « Europe des Lumières » réunit au moins un représentant de chacune des disciplines concernées par le projet (histoire, lettres, philosophie, histoire de l’art, langues.
Sandrine Aragon, SIAL, UMR CELLF
Renaud Bret-Vitoz, UFR Littérature française, UMR CELLF
Jean-François Dunyach, UFR Histoire, UMR Centre Roland Mousnier
Sylvie Le Moel, UFR Études germaniques, UR REIGENN
Robert Morrissey Université de Chicago
Sandrine Parageau UFR Études anglophones, UR HDEA
Membres de Sorbonne Université :
Olivier Agard, UFR Études germaniques et nordiques, UMR SIRICE
Raphaële Balu, UFR Histoire
Shelly Charles, CNRS, UMR CELLF
Line Cottegnies, UFR d’Études anglophones, UR VALE
Olivier Dard (UFR d’histoire, UMR SIRICE
Michel Delon, UFR Littérature française, UMR CELLF
Alexandre Dupeyrix, UFR Études germaniques, UMR SIRICE
Raphaël Ehrsam, UFR de Philosophie
Andrea Fabiano, UFR Études italiennes, UR Littérature et Culture italiennes
Pierre Frantz, UFR Littérature française, UMR CELLF
Liliane Gallet-Blanchard, UFR LEA
Stéphanie Gehanne-Gavoty, UFR Littérature française, UMR CELLF
Christine Gouzi, UFR Histoire de l’art et archéologie, UMR Centre André Chastel
Alexandre Guilbaud, Faculté des Sciences et Ingénierie, UMR IMJ-PRG
Philippe Hamou, UFR Philosophie, UMR SND
Fiona Henderson, UFR Philosophie, UMR SND
Jean-Christophe Igalens, UFR Littérature française, UMR CELLF
Stéphane Jettot, UFR Histoire, UMR Centre Roland Mousnier
Gérard Laudin, UFR Études germaniques, UR REIGENN
Raphaëlle Legrand, UFR Musique et musicologie, UMR IREMUS
David Lemler, UFR Études arabes et hébraïques, UMR LEM
Sophie Marchand, UFR Littérature française, UMR CELLF
Marie-Madeleine Martinet, UFR études anglophones, UR VALE
Sandrine Maufroy, UFR Études germaniques, UR REIGENN
Sylvain Menant, UFR Littérature française, UMR CELLF
Anne Morvan, INSPÉ Paris
Dario Nicolosi, UFR Littérature française, UMR CELLF
Irene Passeron (Faculté des Sciences et Ingénierie, UMR IMJ-PRG
Glenn Roe (UFR Littérature française, UMR CELLF, laboratoire ObTIC
François-Joseph Ruggiu, UFR Histoire, UMR Centre Roland Mousnier
Will Slauter, UFR Études anglophones, UR HDEA
Mickael Szanto, UFR Histoire de l’art et archéologie, UMR Centre André Chastel
Alexis Tadié, UFR Études anglophones, UR VALE
Hugo Toudic, UFR de Philosophie, UMR SND
Benjamine Toussaint, UFR Études anglophones, UR VALE
Virginie Yvernault, UFR Littérature française, UMR CELLF
Membres extérieurs
Nicholas Cronk, Voltaire Foundation, Université d’Oxford
Elisabeth Décultot, IZEA, Université de Halle
Dan Edelstein, Stanford University
Vincenzo Ferrone, Université de Turin
Antoine Lilti, Collège de France
Robert Morrissey, University of Chicago
Jean-Alexandre Perras, Humboldt research fellow (Halle-Wittenberg, Allemagne)
Pedro Pimenta, Université de Sao Paulo
Recherche
Dans les controverses contemporaines sur l’Europe et l’Union européenne, la référence aux Lumières demeure omniprésente. Que l’on aille chercher dans les projets de paix perpétuelle la source des institutions de l’Union, ou que l’on tente de rappeler, sous l’égide de Voltaire et de Montesquieu, l’existence d’une « grande république » européenne, les penseurs contemporains puisent des ressources théoriques précieuses chez les Philosophes des Lumières.
Au XVIIIe siècle, l’Europe fut d’abord conçue comme une confédération, c’est-à-dire comme une association d’États déterminés à arbitrer leurs litiges par la voie du droit. À la suite de la découverte du Nouveau Monde, l’Europe fut également envisagée comme une forme de « marché » en pleine expansion : l’essor inouï des échanges conduisit à mesurer l’importance sociale, culturelle et politique du « commerce », au moment où la traite en plein développement trouvait ses premiers critiques. L’Europe fut tendue entre la réalité naissante du marché mondial associé à l’expansion coloniale et soumis aux rivalités impériales, et l’utopie de l’association d’États désireux de garantir une coexistence pacifique au moment où les guerres intra-européennes faisaient encore rage. Mais l’Europe fut aussi théorisée, pour la première fois, comme une « civilisation ». Les projets de recherche associés à cet axe se donneront pour ambition de théoriser ces différentes dimensions et de rendre raison des rapports complexes entre commerce, civilisation et empire.
Le siècle de l’invention de la liberté, selon l’expression consacrée par Jean Starobinski, fut aussi celui de l’expansion de l’esclavage. Dans les colonies britanniques, hispaniques, hollandaises et françaises, l’exploitation des plantations fut tributaire d’une montée en puissance de la traite. La défense des libertés contre le despotisme, en Europe, s’est-elle toujours accompagnée de la dénonciation de l’esclavage colonial ? La généalogie des droits de l’homme à partir des Philosophes des Lumières (Locke, Montesquieu, Rousseau, les Physiocrates, Beccaria) doit s’accompagner d’une analyse de leurs prises de position, et parfois de leur silence, sur la question de la colonisation et de l’assujettissement des populations africaines et amérindiennes. Les théories post-coloniales devront ici faire l’objet d’une étude approfondie.
Corrélativement, la question de la servitude domestique ou de l’absence de droit de cité des femmes se pose avec acuité : la défense des droits de l’homme s’est-elle opérée sans souci du droit des femmes ? Avant Condorcet, le déni de leurs droits est-il un phénomène récurrent dans la pensée des Lumières ? Ou faut-il aller chercher dans la littérature romanesque et épistolaire les premières voix dissonantes défendant l’émancipation féminine ? Cet axe consacré aux « libertés » prendra également en charge cette analyse des nouveaux supports de la défense des droits des femmes avant même Mary Wollestonecraft et Olympes de Gouges.
C’est l’audace intellectuelle qui, aux yeux de Kant, serait la caractéristique propre des Lumières européennes, comme en témoigne la devise qu’il leur attribue. Appel à oser penser par soi-même et à développer l’esprit critique, le Sapere aude des Lumières est aussi et surtout une invitation à légitimer la curiosité intellectuelle, cette libido sciendi que condamnait l’augustinisme.
D’un côté, cette injonction conduit l’homme à faire le deuil de tout anthropomorphisme, mais de l’autre, la science et la philosophie modernes incitent aussi à un recentrement sur l’homme, « centre commun » de toutes les perspectives selon la formule de Diderot dans L’Encyclopédie. Pour Nietzsche, cette « curiosité sans scrupule » est l’un des signes distinctifs de la modernité. L’attitude prométhéenne (selon la formule de Pierre Hadot) s’épanouit alors en Europe dans un engouement généralisé pour les sciences, qui se retrouvent investies d’une valeur nouvelle et presque mythique, laissant percevoir autant de perspectives radieuses que d’inquiétantes dérives. En voulant soulever le « voile de la nature », l’homme ne risque-t-il pas de se placer dans un rapport d’extériorité à elle, finissant par la traiter comme un matériau inerte ?
Au lieu d’œuvrer pour une société plus humaine, la rationalité des Lumières aurait-elle dégénéré en une forme de positivisme et de technicisme, en un empire humain sur les choses et un asservissement de la nature conduisant à une nouvelle forme de barbarie ? Pour autant, les Lumières en Europe n’ont-elles pas su, aussi, développer en leur propre sein (le rousseauisme en témoigne exemplairement) une forme d’autocritique discernant les lourdes menaces impliquées dans cette domination de la nature ?
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Les libertés dans l’Europe des Lumières
From November 16th to November 18th