Expertises

Après avoir consacré ma thèse de doctorat au lien entre médecine, psychologie et littérature dans l’oeuvre du jeune Schiller, j’ai dans un premier temps – à la faveur des manifestations scientifiques organisées pour le bicentenaire de sa mort – développé et creusé cette réflexion en l’étendant à l’oeuvre de la période classique, y associant aussi bien les tragédies que les écrits philosophico-esthétiques et les chroniques historiques, afin d’élargir et de diversifier l’étude de cette problématique. La prise en compte d’un texte qui ne figurait pas dans le corpus de ma thèse, les Lettres sur l’éducation esthétique de 1795, à la fois manifeste programmatique du classicisme weimarien, enraciné dans les Lumières, et diagnostic sans concession des failles et des faillites de l’Aufklärung a représenté et représente pour moi, grâce à son statut de texte-charnière, un prolongement idéal de mes recherches en ouvrant celles-ci sur l’héritage schillérien et sa réception au théâtre – entre rupture et continuité – dans la première moitié du dix-neuvième siècle, à travers des auteurs tels que Kleist, Grabbe, Büchner et Grillparzer. La crise des Lumières dont chacun de ces auteurs se fait l’écho dans des oeuvres qui, à des degrés divers et sous des formes parfois très différentes, reflètent la fracture du monde moderne (« Zerrissenheit »), constitue à présent le point focal de mes recherches, au croisement de l’histoire culturelle, de la pratique et de l’esthétique théâtrales ainsi que de la réflexion politique. L’analyse des relations entre drame, mythe et histoire dans le cadre spatiotemporel défini par la chute d’un empire à vocation transnationale et universelle (le Saint-Empire, en 1806) et l’avènement d’un empire strictement « national » (1871) est un axe de recherche que je souhaite développer, et ce d’autant plus que la période qui concentre actuellement mes investigations (entre la fin de la « Goethezeit » et la période « Fin-de-Siècle ») fait figure de parent pauvre dans la recherche sur la littérature allemande. La réception et l’adaptation des mythes (antiques, bibliques, germaniques) dans le théâtre de cette période « médiane » retient tout autant mon attention (le mythe de la Toison d’Or chez Grillparzer, la relecture par Hebbel de la mythologie germanique etc ..). Enfin, j’envisage de prolonger ma réflexion sur la représentation du corps au théâtre, entamée dans mes recherches sur l’étude et l’illustration de la connexion psychosomatique chez Schiller, en l’appliquant aux oeuvres des auteurs cités et en la corrélant à l’évolution de la psychologie dans la première moitié du 19ème siècle.