Adèle VORSANGER

Doctorante en histoire ancienne

Les routes et leurs usages. Circuler par voie terrestre en Grèce continentale du VIe siècle av. J.-C. au IIe siècle ap. J.-C.

Doctorante en histoire ancienne au sein du laboratoire Orient & Méditerranée, Adèle Vorsanger s’intéresse aux caractéristiques techniques des routes grecques antiques, mais également à leurs implications économiques, politiques et religieuses pour les cités, ainsi qu’aux mobilités individuelles. 

Thèse sous la direction de Dominique Mulliez, Faculté des Lettres de Sorbonne Université
Crédit photo : Adèle Vorsanger, Grèce, 2015-2018

"Dans un premier temps, mes recherches m’ont menée à un site de fouilles archéologiques situé en plein centre d’Athènes dans lequel on distingue un segment de route antique visible. Cette voie conduisait vers les régions rurales du nord de l’Attique. Comme souvent au sortir des villes dans l’Antiquité, elle est bordée de tombeaux."

 

"Mes recherches se poursuivent ensuite à Brauron, sur la côte Est de l’Attique car on y trouve les vestiges d’un pont de pierre qui ornait l’accès au sanctuaire d’Artémis*, au débouché de la route venant d’Athènes. Des ornières sont visibles en travers des blocs de calcaire du tablier**."

* Divinité grecque associée à la nature sauvage et à la chasse
** Partie d’un pont qui supporte les charges de circulation

 

"Sur la « voie sacrée », qui menait d’Athènes au sanctuaire de Déméter à Éleusis, la procession annuelle des adorateurs de la déesse pouvait faire halte au sanctuaire d’Aphrodite, dans l’actuelle ville de Daphni. La route passait le long de cette paroi rocheuse creusée de niches à offrandes. Fouillée dans les années 1930, la chaussée antique est recouverte par la pelouse. La voie rapide qui relie aujourd’hui Athènes au port industriel d’Éleusis ne se trouve que quelques mètres en arrière..."

 

"La voie sacrée, partie d’Athènes, débouche dans l’enceinte du sanctuaire de Déméter* et Perséphone**. En empruntant cette voie, nous pouvons découvrir des ornières creusées dans le pavage, probablement pour aider les chariots à passer sans heurts la porte monumentale qui a également laissé son empreinte au sol."

* Divinité grecque associée à l’agriculture et aux moissons.
** Divinité grecque associée aux Enfers et au retour à la végétation lors du printemps

 

"J’ai également visité le sanctuaire d’Asclépios*. Il attirait un grand nombre de pèlerins à Épidaure. Un bâtiment d’accueil, le katagogeion**, fut donc construit au IVe siècle av. J.-C. pour loger les visiteurs. Il s’agit d’un bâtiment carré, d’environ 150 m de côté, comportant quatre cours intérieures qui distribuent les chambres. C’est l’un des rares bâtiments d’hébergement public connus en Grèce."

* Divinité grecque dont le pouvoir est de guérir les pèlerins.
** Désigne une taverne ou auberge dans l’Antiquité grecque.

 

"À une cinquantaine de kilomètres au nord d’Athènes, la forteresse d’Éleuthères domine, au sud, la plaine de Mazi et, au nord, les voies montagneuses qui débouchent dans la plaine de Béotie. Cette zone de frontière a fait l’objet de nombreux conflits entre Athéniens et Béotiens. La forteresse a changé de mains à plusieurs reprises et a pu, selon certains chercheurs, servir de poste douanier à la frontière entre les deux régions." 

"J’ai continué mes recherches à Kirrha, ancien port de Delphes. Depuis Kirrha, un sentier balisé comme « chemin antique Kirrha‑Delphes » suit vraisemblablement le tracé qui permettait, dans l’Antiquité, de se rendre de la mer au sanctuaire. En trois heures de marche, j’ai pu admirer les paysages de la plaine côtière, couverte d’oliviers, jusqu’aux versants abrupts de la vallée du Pleistos. Souvent, les mêmes chemins restent en usage pendant des siècles : il est alors quasiment impossible de leur attribuer une date de construction précise." 

"Pour monter, à partir du sanctuaire de Delphes, vers les hauteurs du Parnasse, les voyageurs empruntaient, dans l’Antiquité, un chemin abrupt, fait de marches taillées à même la roche." 

"A l’époque de la domination turque en Grèce, un nouveau type de voie se développe : le kalderimi, chemin muletier dallé, comportant parfois des marches ou des pas‑d’âne. Celui-ci a été bâti pour remplacer l’escalier antique."

 

Documents

Crédit illustration : Amélie Compain

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