Juan LI

Doctorante en linguistique au sein du laboratoire de recherche pluridisciplinaire en linguistique et en anthropologie du LACITO (Langues et Civilisations à Tradition Orale)

Description et analyse du tai lü : Parler de la préfecture autonome Dai du Xishuangbanna, Chine

Doctorante en linguistique au sein du laboratoire de recherche pluridisciplinaire en linguistique et en anthropologie du LACITO (Langues et Civilisations à Tradition Orale), la recherche de Juan Li vise à élaborer la grammaire la plus complète et actualisée de la langue tai lü (appelée aussi lü, lue, dai du Xishuangbanna), telle qu’elle est parlée par l’ethnie Dai de la préfecture autonome Dai du Xishuangbanna, Chine. Le tai lü, qui appartient à la famille de langues Tai-Kadai de l’Asie du Sud-Est, reste peu documentée. Le travail d’analyse se base sur des corpus oraux authentiques collectés sur le terrain.

Thèse sous la direction de Françoise Guérin, maître de conférences, Faculté des Lettres Sorbonne Université.
Crédit photo : Juan Li, Xishuangbanna en Chine, 2017 et 2018

"La préfecture autonome Dai du Xishuangbanna a un climat tropical. Les villages tai lü se situent dans des bassins drainés par au moins une rivière et ses divers affluents, car l’eau est l’une des conditions nécessaires pour la plantation du riz, à la base de l’économie des Tai lü. Cette photo est prise depuis la chambre de l’une de mes informatrices principales. Au loin on distingue deux maisons traditionnelles tai lü entourées par la végétation (notamment des bananiers)."

"Chez les Tai lü, l’eau est considérée comme sacrée. Ainsi, chaque village a au moins un puits, au-dessus duquel on construit une mini pagode qui a pour fonction d’empêcher des saletés d’y tomber. Les artisans essaient toujours de varier les formes et décorations de ces pagodes. Auparavant, les Tai lü prenaient de l’eau au quotidien dans les puits, mais aujourd’hui ceux-ci jouent surtout un rôle symbolique et sacré, car l’eau courante est distribuée désormais dans toutes les maisons."

"Traditionnellement, les maisons tai lü sont bâties en bambou, car ce dernier est facile à trouver et à travailler. Aujourd’hui, les gens préfèrent utiliser le bois et le ciment pour obtenir des constructions plus solides. En raison du climat tropical de la région, les maisons tai lü sont montées sur pilotis : le rez-de-chaussée est destiné au stockage (ici du maïs), aux véhicules et aux animaux domestiques, et le premier étage est habité par les hommes. Cela est censé protéger les hommes des insectes rampants et d’animaux sauvages, mais aussi de l’humidité et des inondations pendant la saison des pluies."

"Dans la culture tai lü, les défunts n’ont ni tombe ni stèle funéraire, leur corps est incinéré dans la forêt et les cendres sont enterrées sur place. Chaque année, lors de la fête des morts, les Tai lü se rendent au temple prier ; ils apportent à cette occasion des offrandes (petites maisons et pagodes en bois, vêtements, bijoux, etc.) qu’ils brûlent, espérant ainsi que les défunts recevront ces cadeaux dans l’au-delà."

"La cuisine tai lü est réputée pour sa fraîcheur et le recours à des produits du terroir, notamment des légumes sauvages, des herbes aromatiques et des épices. Le primeur sur cette photo est une femme tai lü qui porte le costume traditionnel (jupe et chemisier ajustés, serviette nouée autour du chignon) et des parures en argent."

"Créé en 615, le temple était le seul lieu saint où les rois tai lü pouvaient être couronnés et où la famille royale se rendait pour vénérer Bouddha. Ce temple fut détruit pendant la Révolution Culturelle mais a été reconstruit depuis (sur les ruines de l’ancien temple) ; il se situe dans le centre urbain de Jinghong."

"Ce terme signifie « cobra » en sanskrit ; le nâga est décrit comme un être semi-divin dans les mythologies hindoue et bouddhiste, qui vit dans le monde souterrain et est gardien de trésors. En Asie du Sud-Est, le nâga est souvent représenté sous la forme d’un énorme serpent à une ou plusieurs têtes. Protecteur de Bouddha, il encadre ainsi les marches qui mènent aux temples bouddhistes, comme ici."

"Le temple majeur au crépuscule. À l’entrée se trouve une statue de Bouddha ; on distingue aussi des clochettes à ombrelles sur les toits – en tintant au gré du vent, la musique émise agit comme une prière."