Zénaïde DERVIEUX

Doctorante en géographie

La gestion communautaire des ressources naturelles en contexte de conservation dans le Matabeleland septentrional, au Zimbabwe

Doctorante en géographie, Zénaïde Dervieux s’intéresse à la gestion communautaire des ressources naturelles dans le Matabeleland septentrional, au Zimbabwe.

Thèse sous la direction de Marianne Cohen, professeur des universités, Université Paris-Sorbonne, et Christine Raimond, directrice de recherche, CNRS
Crédits : Zénaïde Dervieux, Zimbabwe, province du Matabeleland septentrional, district de Hwange

"Mon terrain de recherche est établi dans les terres communales limitrophes du Parc National de Hwange de la province du Matabeleland septentrional, au Zimbabwe. Cette aire protégée non clôturée, qui s’étend sur près de 14 500 km2, abrite l’une des plus grandes populations d’éléphants du monde. Ces grands mammifères migrent au gré de corridors écologiques à la fois à l’intérieur du parc, dans la savane arborée, et à l’extérieur, à travers les villages et les parcelles agricoles."

"Lors de la création de l’aire protégée en 1928, les habitants ont été relocalisés en périphérie du parc par les autorités coloniales. Aujourd’hui, ils subissent une pression forte de la faune sauvage qui affecte leurs systèmes de production agricole. On estime qu’en moins d’un siècle, la population d’éléphants dans le parc est passée de 1 000 à 45 000 éléphants."

"Mes missions de terrain ont pour objectif de comprendre les interactions des habitants avec leur environnement en partageant leurs activités quotidiennes telles que les pratiques de culture, d’élevage et de cueillette des fruits."

"La levure préparée à base des fruits de l’umnyi (Berchemia discolor) permet, par exemple, de contrer la faim en période de soudure*. Les fruits séchés sont moulus puis trempés dans de l’eau et mélangés avec de la farine de millet. Les graines sont extraites de la préparation avant d’être bouillies avec de l’eau pour obtenir une pâte à pain."

*Période entre deux récoltes où la nourriture et l’eau peuvent venir à manquer.

"De nombreux arbres fruitiers sont ainsi considérés comme des « sauveurs de vie  » et sont conservés séchés pour leurs propriétés nutritives. Cette connaissance de la flore se retrouve aussi dans les usages médicinaux qui sont faits des arbres et des herbes. Pour préserver ces espèces, des interdits et restrictions émis par les ancêtres sur la coupe et l’usage s’appliquent encore aujourd’hui."

"Les rois et les chefs ont longtemps été les dépositaires des savoirs ancestraux sur la nature et la terre en Afrique. Pourtant, ces savoirs sont peu reconnus dans les systèmes de gestion des ressources naturelles mis en place par le gouvernement."

"Alors même que le Parc National de Hwange est la plus ancienne aire protégée du pays, son territoire est l’objet de revendications portées par des groupes aux origines ethnolinguistiques différentes. Les sépultures, arbres, montagnes et forêts sont des sites privilégiés pour communiquer avec les ancêtres."

"Au même titre, l’accès aux ruines est un enjeu : à la fois parce qu’elles se trouvent pour la plupart au sein du parc mais aussi parce qu’elles sont appropriées par certains groupes du territoire. Ma méthodologie s’attache notamment à retracer l’histoire des métissages et à cartographier les lignages et clans pour décrypter ces rapports de force."