Découverte de fragments du catalogue d'étoiles d'Hipparque dans un vieux codex égyptien
Grâce aux technologies d'imagerie multispectrale, des fragments du catalogue d'étoiles, composé par l'astronome grec Hipparque au cours du IIe siècle avant J-C., viennent d'être découverts par des chercheurs du centre Léon Robin (CNRS/Sorbonne Université) et de l'Université de Cambridge.
Victor Gysembergh et Emmanuel Zingg, chercheurs au sein de l'unité mixte de recherche du centre Léon Robin, viennent de déchiffrer les descriptions de quatre constellations du catalogue d'étoiles d'Hipparque en collaboration avec des chercheurs britanniques de la Tyndale House de l'Université de Cambridge.
Ces textes avaient été effacés d’un manuscrit pour en réutiliser des pages à l’époque médiévale et ont pu être mis au jour grâce aux technologies d’imagerie multispectrale. L’étude de ces extraits, publiée dans le Journal for the History of Astronomy le 15 octobre 2022, apporte un éclairage nouveau sur l’astronomie dans l’Antiquité.
L’imagerie multispectrale consiste à mesurer la lumière renvoyée par un objet à différentes longueurs d’onde du spectre électromagnétique, au moyen d’éclairages artificiels et de capteurs à haute dynamique. Les données ainsi recueillies sont ensuite traitées informatiquement pour en extraire les informations pertinentes, par exemple les traces d’écriture effacées, et les présenter sous forme d’images.
Les fragments du catalogue d’étoiles sont les plus anciens connus à ce jour et apportent des avancées majeures dans sa reconstruction. Ils permettent tout d’abord de réfuter une idée répandue, qui voudrait que le catalogue d'étoiles de Claude Ptolémée ne soit qu’une « copie » de celui d'Hipparque, car les observations des quatre constellations sont différentes. En outre, les données d’Hipparque sont vérifiées au degré près, ce qui rendrait son catalogue nettement plus précis que celui de Ptolémée, bien qu’il ait été composé plusieurs siècles avant.
Pour l’équipe de recherche, cette découverte majeure apporte un éclairage nouveau sur l’histoire de l’astronomie dans l’Antiquité, et sur les débuts de l’histoire des sciences. Surtout, elle illustre également la puissance des techniques de pointe, comme l’imagerie multispectrale, dont l’application à des palimpsestes illisibles pourrait sauver de l’oubli des textes de philosophie, de médecine ou d’horticulture disparus.
Le centre Léon Robin
Le centre de recherches sur la pensée antique, plus connu sous le nom de centre Léon Robin, est une unité mixte de recherche (UMR 8061) placée sous la double tutelle de la Faculté des Lettres de Sorbonne Université et du CNRS. Il regroupe, pour l’essentiel, des membres du CNRS, des enseignantes-chercheuses et enseignants-chercheurs de la Faculté des Lettres de Sorbonne Université et de l’école normale supérieure.