Salomé Paul, distinguée par l'Université nationale d'Irlande
Le prix de l'Université nationale d'Irlande et la médaille de l'Ambassade de France en Irlande ont été attribués à Salomé Paul, docteure en littérature française et comparée, pour ses travaux de recherche.
La thèse de Salomé Paul, intitulée Avatars contemporains du tragique grec: Le Mythe dans la dramaturgie de Sartre, Anouilh, Camus, Paulin, Kennelly et Heaney, sera prochainement publiée dans la série "Perspectives comparatistes" des Classiques Garnier sous le titre Avatars contemporains du tragique grec sur les scènes françaises et irlandaises.
Pouvez-vous nous parler de votre sujet de thèse ?
Salomé Paul : L’objectif principal de ma thèse était de démontrer le changement de paradigmatique qui s’est opéré dans l’approche du phénomène tragique et du genre de la tragédie à l’époque contemporaine. La tragédie, telle qu’elle est pratiquée par les Grecs durant le Ve siècle avant J.-C., se construit autour du concept de dikè, c’est-à-dire de justice. Toutefois, au XXe siècle, la pensée tragique se porte sur la question de la liberté humaine. Cette transformation quant à l’appréhension philosophique et dramatique du phénomène résulte des événements socio-politiques qui secouent le monde occidental, et plus particulièrement européen, durant cette période. Mon étude repose sur la comparaison de plusieurs tragédie grecques – Les Perses, L’Orestie, et Prométhée enchaîné d’Eschyle ; Antigone et Philoctète de Sophocle ; Médée et Les Troyennes d’Euripide – avec des transpositions contemporaines, qui ont été créées en France et en Irlande en réponse à des événements socio-politiques menaçant la liberté des individus, ou du moins d’une partie d’entre eux.
De ce fait, mon corpus se compose :
- de trois pièces mises en scène durant ou après l’Occupation : Les Mouches de Jean-Paul Sartre (1943), Antigone de Jean Anouilh (1944), et Caligula (1945) d'Albert Camus
- d’une pièce écrite lors de la période de la décolonisation dans les années 1960 : Les Troyennes de Sartre (1965)
- de trois pièces créées pendant la période des Troubles (1968-1998) : The Riot Act (1984) et Seize the Fire (1989) de Tom Paulin, et The Cure at Troy de Seamus Heaney (1990)
- et de trois pièces composées durant le débat portant sur les droits des femmes dans les années 1980 en République d’Irlande : Antigone (1986), Medea (1989), et The Trojan Women (1993) de Brendan Kennelly.
Avez-vous été accompagnée pour présenter votre projet à l'Université nationale d'Irlande ?
Salomé Paul : Le dossier a été préparé par mon directeur de recherche, Eamonn Jordan et le pôle recherche du University College Dublin. Ce prix distingue les diplômes collaboratifs entre la France et l'Irlande, la cotutelle était donc un critère essentiel.
Quelle est la thématique de vos recherches actuelles et quels sont vos prochains projets ?
Salomé Paul : Je suis actuellement en postdoctorat financé par l'Irish Research Council au sein du département de Théâtre au Trinity College de Dublin sous le mentorat du professeur Melissa Sihra. Mes recherches portent sur les transpositions féministes des tragédies grecques dans l'œuvre de Marina Carr, une dramaturge contemporaine irlandaise. Elles seront publiées dans une monographie qui est actuellement sous contrat avec l'éditeur Routlege. Je co-dirige également un ouvrage collectif qui s'intéresse à la représentation et l'auctorialité des femmes de la classe ouvrière dans le théâtre irlandais en partenariat exclusif avec l'éditeur Routledge.