Mathieu Tillier reçoit le prix "Sheikh Zayed Book Award"
Mathieu Tillier, professeur d’histoire de l’Islam médiéval, reçoit le "Sheikh Zayed Book Award", le plus important prix littéraire du monde arabe pour son ouvrage L’invention du cadi. La justice des musulmans, des juifs et des chrétiens aux premiers siècles de l’Islam.
L’invention du cadi. La justice des musulmans, des juifs et des chrétiens aux premiers siècles de l’Islam, publié en 2017, est primé dans la catégorie "Culture arabe dans une autre langue". Cet ouvrage croise les perspectives offertes par les sources, documentaires comme littéraires, relatives au début du système judiciaire islamique. Il reconstitue les caractéristiques structurelles de l'administration judiciaire du cadi sous les Omeyyades et les premiers Abbassides ainsi que son développement intrinsèque et ses procédures afin d'éclairer la logique qui préside à son évolution.
Le prix "Sheikh Zayed Book Award" rend hommage aux intellectuelles, intellectuels, chercheurs, chercheuses, auteurs et autrices qui ont apporté une contribution significative à la littérature, aux sciences sociales, à la culture et au savoir modernes. Il constitue une initiative culturelle indépendante soutenue par le ministère de la Culture et du Tourisme d’Abu Dhabi.
Pour sa 17e édition, le prix sera remis le 23 mai à l'occasion de l’Abu Dhabi Book Fair, la Foire internationale du livre d’Abu Dhabi.
Agrégé d’arabe en 1999, Mathieu Tillier a soutenu en 2004, à l’Université Lumière-Lyon 2, une thèse de doctorat d’histoire consacrée aux réformes judiciaires qui résultèrent de la révolution abbasside de 750. Devenu maître de conférences à Aix-Marseille Université en 2005, il a bénéficié à partir de 2008 de détachements à l’Université d’Oxford, grâce à un financement européen Marie Curie, puis à l’Institut français du Proche-Orient (Damas, puis Beyrouth). C’est à Oxford qu'il a ouvert une nouvelle enquête sur les plus anciens développements d’une justice plurielle dans le Proche-Orient du VIIIe siècle, composée de tribunaux tant islamiques que juifs et chrétiens. Ces recherches ont fait l’objet d’une habilitation à diriger les recherches soutenue en 2013, puis du livre L’invention du cadi, publié en 2017.
Depuis son recrutement en 2014 comme professeur à la Faculté des Lettres de Sorbonne Université, il continue d’explorer les dynamiques sociales dans le monde de l’Islam médiéval, notamment par le prisme des textes préservés sur papyrus. Son dernier ouvrage, Supplier Dieu dans l’Égypte toulounide. Le florilège de l’invocation d’après Ḫālid b. Yazīd [IIIe/IXe siècle], réalisé en collaboration avec Naïm Vanthieghem, offre une plongée dans l’expression de la piété aux premiers siècles de l’Islam.
Découvrez l'ouvrage
L’invention du cadi. La justice des musulmans, des juifs et des chrétiens aux premiers siècles de l’Islam, Éditions de la Sorbonne.
Le cadi est une figure emblématique des sociétés musulmanes prémodernes. Savant, juge, administrateur de biens, il incarnait plus que toute autre institution le règne d’un ordre social fondé sur les préceptes de l’islam. Les anciens développements de la judicature musulmane, aux VIIe et VIIIe siècles, demeurent pourtant empreints de mystère. Comment rendait-on la justice aux premiers temps de l’Islam, avant que le droit musulman n’acquière les structures pérennes offertes par les écoles juridiques classiques ? Est-il possible de retracer les étapes de développements régionaux ? Quel rôle le pouvoir et les savants jouèrent-ils dans la formation de l’institution ? En quoi la judicature musulmane est-elle liée aux autres systèmes judiciaires de l’Antiquité tardive ou des débuts de l’Islam ?