• International
  • Recherche

Salomé Paul, distinguée par la National University of Ireland

Les travaux de recherche de Salomé Paul, docteure en littérature française et comparée, ont reçu le prix de la National University of Ireland et une médaille de l'Ambassade de France en Irlande.

La thèse de Salomé Paul, intitulée Avatars contemporains du tragique grec: Le Mythe dans la dramaturgie de Sartre, Anouilh, Camus, Paulin, Kennelly et Heaney, sera prochainement publiée dans la série "Perspectives comparatistes" des Classiques Garnier sous le titre Avatars contemporains du tragique grec sur les scènes françaises et irlandaises. Ce travail de recherche s'est vu récompensé par un prix de la National university of Ireland et une médaille de l'Ambassade de France en Irlande. Retour sur un parcours dédié à la recherche.


Comment devient-on chercheuse ?

Salomé Paul : Mon projet professionnel n’étant pas encore bien défini lors de mon entrée à la Faculté des Lettres en 2009, j’ai donc choisi la licence pluridisciplinaire “Culture Antique et Monde Contemporain”. Mon intérêt s'est rapidement porté sur la question de la réception des mythes antiques dans la littérature contemporaine, notamment dans le domaine dramatique. Après l’obtention de deux masters - en Lettres classiques sous la direction du professeur Carlos Lévy et en Littérature comparée sous la direction du professeur Bernard Franco – poursuivre en recherché était une évidence !
A cette époque, le professeur Bernard Franco m’a proposé de faire une thèse en cotutelle avec un pays anglophone. Mon choix s’est tout de suite porté sur la République d’Irlande dont la tradition théâtrale est tout aussi marquée qu’en France par l’influence de la tragédie grecque. Seule l’institution University College Dublin m’a proposé une co-diplômation en Études Théâtrales. Cette expérience reste à ce jour l’une des plus enrichissantes de ma courte carrière de chercheuse !
Les spécialités de mes deux directeurs de recherche, Bernard Franco et Eamonn Jordan, se complétant parfaitement, j’ai pu réalisé en quatre années un travail ambitieux qui sera prochainement publié.

J’aimerais profiter de cette interview pour souligner le rôle essentiel joué par les membres du jury de soutenance, les professeures Clare Finburgh Delijani, Florence Fix et Brigitte Le Juez, dont les remarques m’ont permis de perfectionner mon travail. J’ai enfin une pensée particulière pour le professeur Pierre Brunel qui m’a accompagnée dans le processus de transformation de ma thèse en monographie.


Pouvez-vous nous parler de votre sujet de thèse ?

Salomé Paul : L’objectif principal était de démontrer le changement de paradigmatique qui s’est opéré dans l’approche du phénomène tragique et du genre de la tragédie à l’époque contemporaine. La tragédie, telle qu’elle est pratiquée par les Grecs durant le Ve siècle avant J.-C., se construit autour du concept de dikè, c’est-à-dire de justice. Toutefois, au XXe siècle, la pensée tragique se porte sur la question de la liberté humaine. Cette transformation quant à l’appréhension philosophique et dramatique du phénomène résulte des événements socio-politiques qui secouent le monde occidental, et plus particulièrement européen, durant cette période.
Mon étude reposait sur la comparaison de plusieurs tragédies grecques :

  • Les Perses, L’Orestie, et Prométhée enchaîné d’Eschyle
  • Antigone et Philoctète de Sophocle
  • Médée et Les Troyennes d’Euripide

En réponse à ces tragédies antiques, j’ai également pris en compte des transpositions contemporaines, créées en France et en Irlande en réponse à des événements socio-politiques menaçant la liberté des individus, ou du moins d’une partie d’entre eux. Ce corpus moderne se composait de plusieurs pièces mises en scène durant ou après l’Occupation :

  • Les Mouches de Jean-Paul Sartre (1943)
  • Antigone de Jean Anouilh (1944)
  • Caligula (1945) d'Albert Camus
  • Les Troyennes de Sartre (1965), pièce écrite lors de la période de la décolonisation dans les années 1960
  • Trois pièces créées pendant la période des Troubles (1968-1998) : The Riot Act (1984) et Seize the Fire (1989) de Tom Paulin, et The Cure at Troy de Seamus Heaney (1990)
  • Trois pièces composées durant le débat portant sur les droits des femmes dans les années 1980 en République d’Irlande : Antigone (1986), Medea (1989), et The Trojan Women (1993) de Brendan Kennelly.



Comment avez-vous postulé à la National University of Ireland ?

Salomé Paul : Le dossier a été préparé par mon directeur de recherche, le professeur Eamonn Jordan et le service des relations internationales de UCD. C’est un prix qui distingue les diplômes collaboratifs entre la France et l'Irlande, être en cotutelle était un critère essentiel. La National University of Ireland est un système fédéral universitaire auquel appartient University College Dublin, l’université irlandaise dans laquelle j’ai fait mon doctorat en cotutelle avec Sorbonne Université.


Quelle est la thématique de vos recherches actuelles ?

Salomé Paul : Je suis actuellement en postdoctorat financé par l'Irish Research Council au sein du département de Théâtre au Trinity College de Dublin sous le mentorat du professeur Melissa Sihra. Mes recherches portent sur les transpositions féministes des tragédies grecques dans l'œuvre de Marina Carr, une dramaturge contemporaine irlandaise.

Des projets à venir ?

Salomé Paul : Mes dernières recherches vont être publiées dans une monographie qui est actuellement sous contrat avec l'éditeur Routlege. Je co-dirige également un ouvrage collectif qui s'intéresse à la représentation et l'auctorialité des femmes (ce qui relève de la personnalité de l'auteur ou de l'autrice dans une œuvre) de la classe ouvrière dans le théâtre irlandais en partenariat exclusif avec l'éditeur Routledge.