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Sylvain Menant distingué par deux prix littéraires

Sylvain Menant, professeur émérite de Littérature française et comparée, a reçu le Grand Prix de la Critique 2022 de l'Académie française et le Prix de Littérature française Pierre-Georges Castex de l’Académie des Sciences Morales et Politiques pour son ouvrage dédié à Voltaire.

Je suis heureux que, par une coïncidence que j’espère significative, ce livre, fruit d’une longue expérience personnelle, depuis l’enfance, de l’œuvre de Voltaire, ait retenu l’attention à la fois de deux savantes institutions, diverses dans leur composition et leurs intérêts.

Né en 1939, professeur de Littérature française du XVIIIe siècle à l’Université Paris X- Nanterre, puis, à partir de 1986, à l’Université Paris IV (aujourd’hui Faculté des Lettres de Sorbonne Université), Sylvain Menant a dirigé la Revue d’Histoire Littéraire de la France et préside la Société d’Histoire littéraire de la France. Il a également présidé l’Association internationale des études françaises et dirigé le Centre d'étude de la langue et des littératures françaises (CELLF). Ses travaux portent sur l’ensemble de la littérature du XVIIIe siècle, et particulièrement sur Voltaire et sur la poésie dont il a cherché à montrer la place importante dans le projet littéraire et la pensée des Lumières. Sur le plan de la méthode, il s’attache à une approche sérielle des œuvres, qui dégage les liens étroits entre les créations d’une même époque.


Quelle a été votre réaction à la réception des ces deux prix prestigieux ?

"Je suis heureux que, par une coïncidence que j’espère significative, ce livre, fruit d’une longue expérience personnelle, depuis l’enfance, de l’œuvre de Voltaire, ait retenu l’attention à la fois de deux savantes institutions, diverses dans leur composition et leurs intérêts. L’Académie française m’a décerné son Grand Prix de la Critique 2022, qui est le plus important de ses prix littéraires annuels avec le Grand Prix du Roman. En récompensant un livre consacré à Voltaire, elle attire l’attention sur le caractère moderne et la fécondité des recherches sur cet écrivain, auxquelles j’ai moi-même contribué par mes travaux, mais aussi par la direction à la Sorbonne d’un « séminaire Voltaire » hebdomadaire, où se sont retrouvés pendant des années des chercheurs venus des cinq continents, et par ma participation à la Société des Études Voltairiennes implantée à la Sorbonne comme aux réalisations de la Voltaire Foundation d’Oxford. Je crois que l’Académie française a été sensible aussi à mon effort pour présenter les résultats de l’érudition dans la langue des « honnêtes gens ». L’Académie des Sciences Morales et Politiques, elle, m’a attribué le Prix de Littérature française Pierre-Georges Castex : ce membre éminent de notre université, un de ses fondateurs, était une des références intellectuelles de ma jeunesse, et un des piliers de la Société d’Histoire littéraire à laquelle je suis dévoué depuis un demi-siècle. C’est donc une joie pour moi de recevoir le prix qu’il a fondé. J’ajouterai que si Voltaire est souvent invoqué en France et à l’étranger comme un des maîtres à penser du monde moderne, cette popularité est fondée plutôt sur un mythe que sur la connaissance de sa pensée et de son œuvre. Les mythes ont leur utilité, mais il est utile aussi de retrouver, en même temps que les nuances de sa pensée, le projet littéraire et les méthodes d’un grand écrivain soucieux d’abord de son audience et de sa gloire."


Présentation de l'ouvrage Voltaire et son lecteur : essai sur la séduction littéraire, paru à Genève aux éditions Droz en 2021, par Sylvain Menant.

Ce livre est nourri de la lecture de l’ensemble de l’œuvre de Voltaire (205 volumes dans la plus récente édition) et des commentaires qu’elle a suscités depuis trois siècles. Il propose une synthèse destinée à un public qui ne se limite pas aux spécialistes, et présente de nombreux textes qui ne sont lus que par eux. Il est dominé par une réflexion sur un paradoxe : Voltaire (1694-1778) a réussi à être l’écrivain le plus lu de son siècle, et l’auteur favori des milieux conservateurs, de l’aristocratie et des cours européennes, tout en étant l’un des auteurs les plus contestataires de son temps, et en gagnant la réputation d’être un des pères de la Révolution française de 1789. Sa brillante carrière représente le cas le plus extraordinaire de séduction de la littérature française. L’analyse de ses œuvres dans tous les genres, poétiques, historiques, narratifs, polémiques, suggère que leur succès en leur temps repose sur une connaissance, ou une supposition, des attentes du lecteur, et sur un jeu subtil avec ces attentes, jeu qui retient l’attention et fait accepter l’inacceptable. On a coutume de voir dans les livres le fruit des idées, des expériences et des rêves de leur auteur ; dans une démarche différente, cet essai cherche à montrer qu’ils s’écrivent aussi dans l’obsession chez l’auteur d’être aimé et entendu d’un certain lecteur, qu’il s’agit de séduire.
Découvrir l'ouvrage sur le site du CELLF.

Le Centre d'étude de la langue et des littératures françaises (CELLF)

Sylvain Menant a également dirigé le Centre d’étude de la langue et de la littérature françaises (UMR 8599).

Le CELLF est une unité mixte de recherche de la Faculté des Lettres de Sorbonne Université et du CNRS. Il est issu du rapprochement, en janvier 2014, de plusieurs unités et équipes de recherche de Sorbonne Université : d’une part le CELLF 17-18, fondé en 1967 et consacrant ses travaux aux textes littéraires des XVIIe et XVIIIe siècles ; d’autre part deux équipes d’accueil : le « Centre de recherche sur la création littéraire en France au XVIe siècle » (Centre Saulnier) et l’équipe « Littérature française XIXe-XXIe siècles » à laquelle était rattaché le Centre international d’études francophones (CIEF).

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