Autonomie, tolérance, raison publique au siècle des Lumières 

Cette journée d'étude entend analyser les usages contemporains de la philosophie des Lumières du XVIII^e siècle (d’origine française, allemande ou anglo-saxonne) dans le discours philosophique depuis 1945, plus particulièrement dans les domaines de la philosophie politique et de la philosophie morale. Nous entendons nous interroger sur la façon dont l’interprétation du moment des Lumières et de la pensée des grandes figures de la seconde moitié du XVIII^e siècle continue d’être mobilisée, positivement ou négativement, comme un élément central de l’auto-compréhension de notre modernité philosophique.

Si la philosophie des Lumières trouve des prolongements théoriques chez nombre de penseurs contemporains majeurs, comme Rawls ou Habermas, elle fait également toujours l’objet de polémiques passionnées et de contestations fortes, venues de tous les horizons philosophiques et politiques. A une traditionnelle contestation d’inspiration conservatrice, dans le sillage des penseurs contre-révolutionnaires (Burke, Bonald, de Maistre, Rehberg), il faut ajouter des critiques qui en contestent la portée véritablement émancipatrice, en voyant dans l’universalisme proclamé des Lumières le masque de rapports de domination et d’exploitation européo-centrés. Selon cette critique post-coloniale ou féministe, prédominante depuis les années 1980, la philosophie des Lumières serait aveugle aux rapports de force fondés sur la classe, la race et le genre. D’autres dénoncent, dans le rationalisme des Lumières, le triomphe d’une raison technicienne et instrumentale (théorie critique, dans le sillage de la « dialectique des Lumières » de Adorno et Horkheimer) et entendent démystifier l’humanisme, apparenté à une technique de domination au sein d’une société essentiellement disciplinaire (Foucault).

Notre projet de recherche entend sortir d’une approche binaire et abstraite (« pour ou contre les Lumières… ») afin de s’interroger sur l’importance de cette référence aux Lumières (qu’elles soient françaises, écossaises ou allemandes). Il s’agit de cartographier et d’analyser précisément la diversité, la subtilité et la profondeur de ces reprises critiques de problématiques, de thèses et d’arguments hérités de cette période et des oeuvres de penseurs majeurs comme Montesquieu, Rousseau, Diderot, Hume, Adam Smith ou Kant, dans le processus même de constitution du discours philosophique contemporain.

Organisation

• Céline Spector, professeure des universités, UFR de Philosophie, Sorbonne Université

Intervenantes et intervenants

• Philippe Audegean, UFR de Philosophie, Sorbonne Université
• Rodrigo Brandao, Université Fédérale du Parana
• Isabel Coelho Fragelli, Université de São Paulo
• Raphaël Ehrsam, UFR de Philosophie, Sorbonne Université
• Louis Guerpillon, UFR de Philosophie, Sorbonne Université
• Pedro Paulo Pimenta, Université de São Paulo
• Céline Spector, professeure des universités, UFR de Philosophie, Sorbonne Université

Partenaires de l'événement

Cet événement est organisé en collaboration avec le Pôle : "Europe des Lumières" - Initiative Europe de la Faculté des Lettres de Sorbonne Université.