Péguy et l’enfance
Ce colloque analyse la manière dont l’enfance s’introduit dans l’œuvre de Péguy, dans ses dimensions existentielles, politiques et métaphysiques.
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Le 04 déc. 2021
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09:00 - 17:30
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Colloque
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Salle des Actes en Sorbonne. Inscriptions avant le 28 novembre.
L’enfance est ce qu’il y a de plus intime et de plus universel. Elle renvoie chacun aux prémices de son histoire, quand tout était neuf et se vivait pour la première fois. Des écrivains en feront une source d’inspiration, partant sur les traces de l’enfant qu’ils furent pour le faire revivre dans des récits autobiographiques, ou se confronter à lui, tel Bernanos se voulant à tout prix fidèle au petit garçon qu’il fut. Pour d’autres, l’enfance est une cause à défendre, une condition commune, qu’il importe de protéger. Charles Péguy se trouve au confluent de ces deux attitudes. Volontiers, il évoque son enfance orléanaise, dans le récit de soi (Pierre, commencement d’une vie bourgeoise) ou dans la célébration d’un passé mythique (L’Argent). Mais il a également le souci des enfants, de leur misère et de leur exploitation, évoqués dans les Cahiers de la Quinzaine (« Travail des enfants », CQ I, 2, 3, 4). Il est conscient du devoir de la société envers ses membres les plus vulnérables, humains en devenir, qu’il revient à la famille d’éduquer et à l’école d’instruire, comme en témoignent les nombreux numéros de sa revue consacrés à ces sujets.
L’enfance est également, dans l’œuvre de Péguy, le vêtement charnel de vertus spirituelles : l’espérance, célébrée dans Le Porche du mystère de la deuxième vertu ; la tendresse, qui irrigue Le Mystère des saints Innocents. Elle s’incarne en une figure privilégiée, la Jeannette du Mystère de la charité de Jeanne d’Arc, accompagnée de son amie Hauviette : deux fillettes qui refont le chrétienté en devisant, avant que la première ne la façonne par les armes.
Tels sont les aspects de l’enfance que notre colloque voudrait mettre en lumière. Comment l’enfance s’introduit-elle dans l’œuvre de Péguy, dans ses dimensions existentielles, politiques et métaphysiques ? En quoi Péguy, poète et polémiste, se distingue-t-il des romanciers de l’enfance, lui qui ne créa pas de personnages de fiction, mais se fit le défenseur de la paternité et le chantre des tout-petits ? Par-delà les différences de genre, existe-t-il une connivence entre auteurs d’inspiration chrétienne autour de « l’esprit d’enfance » ? Hugo, Zola, Vallès pourront être convoqués, tout comme Bernanos et Mauriac, pour éclairer ce que l’enfance a d’unique ou de fraternel dans l’univers de Péguy.
Avec le soutien de la Faculté des Lettres de Sorbonne Université et du Centre d’études de la langue et des littératures françaises (CELLF - UMR 8599).