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Repenser les droits humains. L’héritage des Lumières en question.

L’objectif de ce colloque est de montrer en quel sens il est légitime de poursuivre ce qui fut initié par les philosophes du XVIIIe siècle et par la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789.

  • Du 01 juin. 2022 au 03 juin. 2022

  • 09:00 - 18:00
  • Colloque

Si les « droits de l’homme » ont pu sembler s’imposer sur la scène internationale après la Seconde Guerre mondiale et devenir un lieu commun de la pensée politique, cette période est tragiquement révolue. La politique des Lumières semble en pièces, congédiée comme une vieille rengaine désuète ou comme une utopie dangereuse. Les attaques concernent à la fois l’extension de ces droits et le point de vue situé à partir duquel ils sont énoncés, leur sous-bassement idéologique, et enfin leur relation avec les instances institutionnelles qui sont censées les garantir. L’objectif de ce colloque ne sera pas de nier la pertinence des critiques de l’héritage universaliste des Lumières mais bien plutôt, en affrontant les objections, de montrer en quel sens il est légitime de poursuivre ce qui fut initié par les philosophes du XVIIIe siècle et par la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789.

Derrière la question de l’héritage des Lumières, c’est la notion d’universel qui traverse une crise sans précédent. La remise en cause de l’universalité des « droits de l’homme » concerne d'abord l’extension de ces droits et le point de vue situé à partir duquel ils sont énoncés : n’a-t-on pas dénié les droits des femmes et des minorités ? Ces droits ne sont-ils pas ceux des Européens, ou plus largement des Occidentaux ? Cependant, s’il s’agit de repenser « l’homme » qui en est
porteur, cela remet-il en cause la légitimité de l’effort universaliste qui entend défendre l’égalité des droits humains ? La critique porte ensuite sur le sous-bassement idéologique de ces droits : ces droits sont-ils abstraits et formels au point de masquer les inégalités réelles ? Sont-ils les droits d’un individu égoïste ou narcissique qui sonnerait la fin de toute communauté politique ? Pourtant, si les fondements politiques et moraux de ces droits doivent être repensés, cela implique-t-il de renoncer à l’idée d’égalité universelle des libertés humaines et à la puissance de dénonciation des rapports de domination, dont les « droits de l’homme » sont originellement le fruit ? Les attaques concernent enfin la relation entre ces droits et les instances institutionnelles qui sont censées les garantir. Les instances internationales ne sont-elles que des institutions impuissantes ou à l’inverse le symbole d’un droit illégitime d’ingérence dans la vie des sociétés particulières ? A contrario, les « droits de l’homme » sont-ils indissociables de l’État-nation dans lequel ils sont nés et entachés des mêmes limites et abus ?

L’objectif de ce colloque ne sera pas de nier la pertinence de toute critique de l’héritage universaliste des Lumières mais bien plutôt, en affrontant les objections, de montrer en quel sens il est légitime de poursuivre ce qui fut initié par les philosophes du XVIIIe siècle et par la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789. Trois axes de recherches seront envisagés :

  • Repenser les fondements philosophiques de l’universalité des droits humains : quel héritage des droits « naturels » ? comment les philosophes du siècle des lumières pensaient-ils ces droits et leur universalité ? le caractère situé de tout sujet discrédite-til toute prétention à l’universel ? quelle est l’humanité en jeu dans ces droits ? s’agit-il des droits subjectifs d’individus atomisés ?
  • Repenser le rapport entre droits humains et politique : quel type de politique est engagé par la défense des droits humains ? n’est-ce qu’une politique hégémonique ou a contrario idéaliste ? que défendent ceux qui luttent au nom des droits universels de l’être humain et par quel type d’action ? qu’est-ce qu’une politique qui se réclame de l’héritage des Lumières ? quel rapport entre droits humains et droits des minorités ?
  • Repenser le rapport entre droits humains et institution : peut-on se passer de toute norme extérieure au droit positif pour penser la justice de l’ordre social ? quel rapport entre la Déclaration des droits humains et les institutions étatiques ? quelle place pour les droits humains dans les institutions européennes et internationales

Ce colloque international est organisé par Johanna Lenne-Cornuez, chercheuse associée à Sciences, Normes, Démocratie (UMR 8011 Sorbonne Université/CNRS)  avec la collaboration de Céline Spector, professeure de philosophie à la Faculté des Lettres et François Calori de l'université de Rennes1. Avec le soutien de  CAPES-COFECUB (Projet franco-brésilien), Sciences, Normes, Démocratie (SND : UMR 8011/ Sorbonne Université-CNRS), Centre Atlantique de Philosophie (CaPhi : EA7463 / Université de Rennes 1), le Fonds d’Intervention pour la Recherche de Sorbonne Université et l'UFR de Philosophie de la Faculté des Lettres de Sorbonne Université.