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Des expériences au rabais ? Esthétique des arts discrédités

  • Le 03 mai. 2021

  • 09:00 - 17:00
  • Journée d'étude
  • En ligne sur Zoom.
    ID de réunion : 930 1778 6786
    Code secret : viT29x

Présentation

L’esthétique philosophique, telle qu’elle s’est constituée aux XVIIe et XVIIIe siècles, avait pour vocation de parler du sentiment esthétique en général. Mais il n’en reste pas moins qu’elle s’est développée en prenant pour paradigme des arts particuliers : les arts majeurs, savants, légitimes. Nous sommes encore tributaires de ces conceptions classiques qui tendent à identifier certaines pratiques et arts comme impropres à provoquer une expérience proprement esthétique : l’érotisme, le jeu, l’effort physique, la consommation, ou la participation seraient autant de traits réputés pour leur incompatibilité avec une attitude désintéressée que rien ne devrait venir troubler. Or, un tel paradigme minore le fait que l’attitude esthétique est avant tout un mode d’être au monde – attentionnel, émotionnel, cognitif – qui peut advenir dans de multiples contextes que le canon traditionnel des arts ne saurait épuiser.


Cette journée d’étude cherche à dessiner les contours d’expériences qui émergent en-dehors, en-deçà ou au-delà des arts classiques. Si l’on refuse d’admettre que l’esthétique est l’apanage de ces arts, il convient toutefois de mettre nos catégories au travail : à la faveur d’arts discréditées et de pratiques impures, qu’advient-il de l’expérience esthétique ? Un match de catch peut-il vraiment être beau ? Le désintéressement est-il encore de mise devant un spectacle de strip-tease ? Une chanson écoutée mille fois est-elle encore originale ?


Tout en s’ancrant fermement dans l’idée selon laquelle des pratiques considérées comme impures peuvent être le creuset d’attitudes proprement (et non conditionnellement) esthétiques, cette journée d’étude cherchera à identifier la spécificité de contextes, de pratiques, de situations esthétiques. Il s’agira, dans ces huit interventions, de mettre l’expérience esthétique à l’épreuve de la singularité d’arts discrédités qui viendront mettre certaines évidences en mouvement.

 

9h – Accueil des participants
9h15 – Introduction de la journée par Marianne Massin & Thomas Mercier-Bellevue (Sorbonne Université)

Première session : Spectacles au rabais et philosophie
9h30 – Julien Labia (Centre Victor Basch) : « La télévision de Roland Topor ou le monstre au quotidien »
10h05 – Thomas Aït Kaci (Sorbonne Université) : « Expériences d’un théâtre pauvre. Kierkegaard, Kafka, Benjamin»
10h40 – Pause

Deuxième session : Y a-t-il une expérience esthétique de la souffrance ?
11h – Laura Goudet (Université de Rouen-Normandie) : « “De l’art ou de la perversion ?” Bob Flanagan et le masochisme artistique »
11h35 – Thomas Morisset (Centre Victor Basch) : « Le heurt dans le catch ou le plaisir pris aux limites de la fiction»
12h10 – Discussion de clôture
12h30 – Fin de la matinée

Troisième session : Légitimer les corps érotisés
14h00 – Soraya Baccouche (Université de Strasbourg) : « Illégitimités esthétiques en danse orientale classique : une sensualisation des corps dansants »
14h35 – Lucile Bokobza (Centre de Recherches Interdisciplinaires, Université de Paris) : « Comment le Crazy Horse s’est-il érigé en expérience esthétique incontournable du féminisme bourgeois ? »
15h10 – Pause

Quatrième session : L’expérience numérique est-elle une expérience au rabais ?
15h30 – Thibaut Vaillancourt (Université Paris Nanterre & Universität Konstanz) : « Une esthétique processuelle pour des images au rabais : le cas des mèmes »
16h05 – Rosane Lebreton (ENSAP-Lille, Université de Lille & Université de Liège) : « Rejouer les expériences – repenser l’expérience esthétique de l’architecture avec l’image vidéoludique »
16h40 – Discussion de clôture
17h00 – Fin de la journée

Journée d’étude organisée par Thomas Mercier-Bellevue & Thomas Morisset, enseignants à la Faculté des Lettres au Centre Victor Basch, EA 3552 « Métaphysique, histoires, transformations, actualités ».

Organisateurs

Ancien élève de l’École Normale Supérieure de Lyon et professeur agrégé de philosophie, Thomas Mercier-Bellevue est actuellement doctorant et ATER à Sorbonne-Université. La thèse qu’il prépare sous la direction de Marianne Massin est consacrée aux musiques mainstream, et plus spécifiquement à l’expérience que l’on peut en faire : dansantes, commerciales, répétitives, discréditées, ces chansons ne nous poussent-elles pas à reconsidérer les concepts d’œuvre d’art et d’expérience esthétique ?


Docteur en philosophie, Thomas Morisset a consacré sa thèse (effectuée sous la direction de Marianne Massin et de François-David Sebbah) à l’expérience de la beauté dans les jeux vidéo. Ses recherches, mêlant philosophie esthétique et philosophie de la technique, s’intéressent plus largement à l’appréciation des efforts dans les arts, les techniques et les jeux. Également professeur certifié en philosophie, il enseigne actuellement cette matière au lycée.