La Dramaturgie du visible (1500–1800)
En collaboration avec le Centre de musique baroque de Versailles, Sorbonne Université organise un colloque international consacré à la « dramaturgie du visible » entre le XVIe et le XVIIIe siècle, réunissant chercheuses, chercheurs, praticiennes et praticiens des arts du spectacle en vue de partager les recherches, comparer les pratiques et établir des convergences.
-
Du 01 Juil. 2024 au 03 Juil. 2024
-
09:00 - 12:45
-
Colloque
-
01/07/2024 : Salle Louis Liard, 17 rue de la Sorbonne, 75005 Paris
02 ET 03/07/2024 : Centre de musique baroque de Versailles, 22 avenue de Paris, 78000 Paris
-
Direction des Affaires Culturelles de la Faculté des Lettres de Sorbonne Université
Forgé par le chercheur Knut Ove Arntzen pour le théâtre post-moderne, le concept de « dramaturgie visuelle » se transpose utilement aux procédés visuels théâtraux de l’Époque moderne, période encadrée d'un côté, par l'émergence de nouvelles formes spectaculaires à la Renaissance, et par le bouleversement des réformes du XVIIIe siècle de l’autre. La peinture scénographique plaçait le public dans une atmosphère adaptée à l'intrigue, se renouvelant sans cesse par des changements à vue ; l’éclairage à la bougie pouvait renforcer l’intensité dramatique d’une scène ; les costumes permettaient quant à eux de dépeindre finement les caractères des protagonistes. En outre, le geste et le mouvement jouaient un rôle dramatique fondamental, en caractérisant les personnages, en définissant les relations qui se tissaient entre eux, en mettant en valeur leurs paroles et en colorant l’ambiance d'une scène. Loin de se réduire à une fonction d’ornement ou de simple divertissement, la danse pouvait marquer une étape indispensable de la narration et contribuer à la construction de tensions dramatiques. Ainsi, le dramaturge et le librettiste précisaient parfois des éléments visuels (décors, costumes ou attitudes) choisis plus pour leur potentiel dramatique que pour leur effet pittoresque, preuve que ceux-ci étaient considérés comme indissociables de l’écriture d’une pièce. C’est ce que Pierre Frantz a appelé avec justesse la dramaturgie du visible. Comme le suggèrent ces exemples, l’impact visuel théâtral découle de l’interaction subtile de matériaux et de corps animés, et l'étude de leur fabrication et de leurs techniques est donc essentielle à notre compréhension du théâtre du passé.
L'intérêt des chercheuses et chercheurs pour les aspects visuels et matériels du théâtre de l’Époque moderne s'est accru au cours de la dernière décennie. En plus de l’histoire de la scénographie et de la danse, un nombre croissant de publications touchant aux costumes, à l'éclairage et à l'interprétation historique a émergé, comprenant des études plus techniques qui s'intéressent à leur production et à leur ré-activation sur la scène d’aujourd’hui (voir bibliographie dans l'appel à communications).
Ce colloque vise à aborder ces questions de façon transdisciplinaire en réunissant chercheuses, chercheurs, praticiennes et praticiens intéressés par les arts du spectacle en Occident (opéra, danse, théâtre) du XVIe au XVIIIe siècle, afin de partager leurs dernières recherches, de comparer les pratiques sur ces différentes périodes, nations et formes théâtrales, de rechercher des convergences et peut-être même de démystifier certaines idées reçues sur ces aspects du théâtre.
La journée du lundi 1er juillet sera suivie par deux représentations des Précieuses ridicules de Molière, dernière mise en scène historiquement informée du Théâtre Molière Sorbonne, à 18h30 et 20h30 au Centre de conférences internationales de Sorbonne Université.
Responsables scientifiques
Petra Dotlačilová (Stockholm University, CESR-CMBV)
Mickaël Bouffard (Sorbonne Université/Théâtre Molière Sorbonne, CELLF)
Comité scientifique
Renaud Bret-Vitoz (CELLF / Sorbonne Université)
Georges Forestier (CELLF / Sorbonne Université)
Rebecca Harris-Warrick (Cornell University)
Ulla Kallenbach (Bergen University)
Bénédicte Louvat (CELLF / Sorbonne Université)
Raphaël Masson (Château de Versailles)
Barbara Nestola (CMBV)
Martina Papiro (Schola Cantorum Basiliensis)
Françoise Rubellin (Université de Nantes)
Magnus Tessing Schneider (Aarhus University)
Hanna Walsdorf (Universität Basel)
Jed Wentz (Leiden University)
Cet événement s'inscrit dans le projet "La fabrique du spectacle : procédés et politique de la création du costume au XVIIIe siècle".