• Science, culture et société

Lectures sur le fil, épisode 4

Jacques Dürrenmatt, professeur à l'UFR de Langue française et Mathilde Bonazzi vous présentent trois oeuvres : "Peau d'homme" de Hubert et Zanzim, "Gousse et gigot" d'Anne Simon et "Nous sommes maintenant nos êtres chers" de Simon Johannin.

  • Le 25 juin. 2021

  • 14:00 - 16:00

Présentation de "Peau d'homme" de Hubert et Zanzim sur le site des éditions Glénat.


Sans contrefaçon, je suis un garçon !

Dans l’Italie de la Renaissance, Bianca, demoiselle de bonne famille, est en âge de se marier. Ses parents lui trouvent un fiancé à leur goût : Giovanni, un riche marchand, jeune et plaisant. Le mariage semble devoir se dérouler sous les meilleurs auspices même si Bianca ne peut cacher sa déception de devoir épouser un homme dont elle ignore tout. Mais c’était sans connaître le secret détenu et légué par les femmes de sa famille depuis des générations : une « peau d’homme » ! En la revêtant, Bianca devient Lorenzo et bénéficie de tous les attributs d’un jeune homme à la beauté stupéfiante. Elle peut désormais visiter incognito le monde des hommes et apprendre à connaître son fiancé dans son milieu naturel. Mais dans sa peau d’homme, Bianca s'affranchit des limites imposées aux femmes et découvre l'amour et la sexualité.

La morale de la Renaissance agit alors en miroir de celle de notre siècle et pose plusieurs questions : pourquoi les femmes devraient-elles avoir une sexualité différente de celle des hommes ? Pourquoi leur plaisir et leur liberté devraient-ils faire l’objet de mépris et de coercition ? Comment enfin la morale peut-elle être l’instrument d’une domination à la fois sévère et inconsciente ?

À travers une fable enlevée et subtile comme une comédie de Billy Wilder, Hubert et Zanzim questionnent avec brio notre rapport au genre et à la sexualité… mais pas que. En mêlant ainsi la religion et le sexe, la morale et l’humour, la noblesse et le franc-parler, Peau d’homme nous invite tant à la libération des mœurs qu’à la quête folle et ardente de l’amour.

 

Présentation de "Gousse et gigot" d'Anne Simon sur le site des éditions Misma.

Au pays Marylène, bien avant Aglaé et son fils Boris, régnait un être abject qui exploitait et tyrannisait son peuple. Il s’appelait Victor Von Krantz et ordonnait à ses nombreuses femmes de lui offrir un héritier. Hélas, seules deux petites filles naquirent et le mâle tant attendu n’arriva jamais.
Les enfants furent abandonnées dans une fosse grouillante de serpents. Elles y grandirent tant bien que mal. Délivrées le jour de la victoire d’Aglaé sur leur père puis rejetées par une société qui renie leur ascendance, elles commencent leur vie d’errance.
L’aînée, GIGOT, est petite et craintive ; la cadette, GOUSSE, est élancée et téméraire. Indispensables l’une à l’autre, rien ni personne ne pourra séparer GOUSSE et GIGOT.

Anne Simon poursuit l’écriture de sa grande saga et raconte dans ce 4ème tome des Contes du Marylène le destin des sœurs GOUSSE et GIGOT. Les deux personnages existent depuis bien longtemps chez Misma et font partie des premiers ouvrages à avoir été publiés à l’époque de la création de la maison d’édition. Anne Simon leur consacre aujourd’hui tout un livre qui retrace l’enfance, l’adolescence et l’âge adulte de ce duo inséparable, témoin-clé des agonies d’un pays sans cesse en reconstruction.

 

Présentation de "Nous sommes maintenant nos êtres chers" de Simon Johannin sur le site des éditions Allia.

Simon Johannin renoue dans ses poèmes avec l’univers de ses romans. Alors que les vers courent librement, souvent délestés de leur ponctuation, des émotions intenses traversent la nuit comme des étoiles filantes.
Des voyous pas méchants, des jeunes gens pas prêts quoique robustes, se chamaillent pour trouver une place au soleil : "Des nouilles instantanées dans des bacs en plastique / Tous les jours / Un euro cinquante, c’était cher / Il allait plus loin, à meilleur prix". La précarité guette le porte-monnaie et les sentiments avec la même férocité. Les bastons taillent les visages, forgent les caractères. Pourtant, devant le vertige du quotidien, les belles âmes qui peuplent ces poèmes tâchent de ne pas tomber dans les écueils du ressentiment, et s’acharnent à trouver du sens et du plaisir là-dedans. Et l’amour parfois existe, se présente avec fulgurance. Le désir de vivre finit par l’emporter sur la résignation. Loin des clichés romantiques, le style visuel de Simon Johannin fait surgir par flashes des visions de corps furieux et sensuels, qui s’imbibent de substances avant de s’écraser avec fracas contre le macadam.
Nous sommes maintenant nos êtres chers pose un regard lucide et sensible sur une époque sinistrée où la passion jaillit malgré tout avec éclat.

 

Jacques Dürrenmatt, professeur à l'UFR de Langue française de la Faculté des Lettres de Sorbonne Université et également le directeur du SELFEE – Centre d’examens FLE de Sorbonne Université. Ses domaines d'expertise sont : la stylistique, poétique, linguistique française, philologie, relations texte-image, littérature romantique et bande dessinée.

Mathilde Bonazzi est enseignante à l'université Jean Jaurès à Toulouse.