Les femmes sacralisées de l’Antiquité tardive, entre Orient et Occident (IIe-VIIe siècle)
Le champ d’investigation de ce colloque porte sur les femmes sacralisées, réelles ou légendaires, de l’Antiquité tardive dans ses bornes admises selon une extension élargie (fin IIe-VIIe siècle). Le cadrage spatial particulièrement vaste, à l’échelle des continents eurasiatique et africain, tout comme l’ouverture interdisciplinaire aux différentes sciences de l’Antiquité, ont pour mot d’ordre le décloisonnement du regard, afin de permettre de cerner les spécificités ainsi que les points communs qui ont trait à l’histoire de ces figures féminines ayant entretenu un rapport particulier au sacré.
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Du 05 juin. 2024 au 06 juin. 2024
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08:15 - 17:30
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Colloque
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Maison de la Recherche, salle D 223.
Inscription obligatoire par courriel.
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Nicolas Preud’homme et Florence Bret
En dépit du prisme déformant de sources dominées par les points de vue masculins, il apparaît que les femmes occupaient une place cruciale dans l’expansion de plusieurs religions missionnaires, prosélytes ou diasporiques aux prétentions universalistes (christianisme, mazdéisme, judaïsme, bouddhisme, islam notamment) au cours de l’Antiquité tardive. Si, bien souvent, les personnages fondateurs comme les membres des différents clergés étaient et demeurent encore uniquement composés d’hommes, il serait fallacieux de considérer que les femmes n’auraient pas joué un rôle prépondérant dans ces développements religieux, que ce soit en tant qu’actrices des événements ou en tant que figures exemplaires représentées après leur mort dans les sources hagiographiques. Même si les sociétés anciennes étaient traversées par des inégalités de genre évidentes, ces femmes sacralisées – saintes, moniales, martyres, enseignantes, ascètes et charismatiques, parfois même figures divinisées – ont marqué l’histoire et l’évolution de leurs communautés par leurs actions et leur mémoire.
L’objectif de ce colloque est donc de questionner l’importance du paradigme du genre dans la représentation des figures religieuses féminines sur une vaste zone géographique, allant du bassin méditerranéen jusqu’à l’Asie orientale.
Programme
Un premier enjeu relève tout d’abord de l’ordre de l’histoire de la spiritualité. La sainteté et la religiosité féminine étaient-elles pensées et données à voir différemment de celles des hommes ? Y avait-il une invitation à des pratiques spirituelles genrées ou, au contraire, un effacement des différences de genre quand il s’agissait d’enjeux religieux ? De leur vivant comme après leur mort, ces femmes sacralisées faisaient-elles l’objet d’un culte spécifique ?
Il s’agit tout autant d’une interrogation d’ordre sociologique. Quels rôles occupaient ces femmes sacralisées et honorées dans leurs communautés civiques ou religieuses ? Qu’en est-il des fonctions qu’elles revendiquaient, des responsabilités qui leur étaient cédées, des prérogatives qui pouvaient leur être spécifiquement réservées ? Y a-t-il un décalage net entre ce que les sources juridiques et hagiographiques nous rapportent ? Ces attributions sont-elles des innovations de l’Antiquité tardive ou relèvent-elles éventuellement d’un héritage provenant de traditions antérieures ?
Une troisième piste conduit à un enjeu plus spécifiquement mémoriel. Y avait-il une mémoire hagiographique spécifiquement féminine ? Les femmes sacralisées pouvaient-elles endosser les mêmes rôles fondateurs, unificateurs ou protecteurs à l’échelle locale que leurs parèdres masculins ? Étaient-elles plus ou moins fréquemment associées par les sources à des figures masculines, tel un père ou un mari, reproduisant le statut légal qu’elles possédaient dans la société profane, ou bien le fait d’être connues grâce à leur foi ou leur charisme spirituel leur permettait-il d’accéder à une mémoire indépendante ?
Le questionnement est enfin d’ordre géographique et comparatiste. Il s’agira de mettre en regard différentes régions et diverses aires culturelles pour dégager les traits communs dans les représentations de ces femmes sacralisées, relevant de la même période tardo-antique, ainsi que de pointer, en retour, les spécificités propres aux courants religieux, aux sociétés et aux territoires concernés. Les contacts interculturels à travers les sources de l’histoire globale et connectée seront attentivement examinés.
Mardi 5 juin
- 9h15 - 10h15 : Première partie – Penser le statut des femmes dans la sphère sacrée
- 10h30 - 12h : Deuxième partie – Les femmes sacralisées dans l’organisation du monde
- 14h - 16h : Troisième partie – Figures exemplaires de femmes sacralisées
- 16h15 - 17h15 : Quatrième partie – Les femmes sacralisées dans les littératures religieuses
Jeudi 6 juin
- 9h - 9h30 : Suite de la quatrième partie – Les femmes sacralisées dans les littératures religieuses
- 9h30 - 12h15 : Cinquième partie – Images et représentations de femmes sacralisées
Programme détaillé à télécharger en bas de page.
Organisation
- Nicolas Preud’homme, attaché temporaire d'enseignement et de recherche en histoire romaine, Sorbonne Université
- Florence Bret, attachée temporaire d'enseignement et de recherche en lettres classiques, Université d’Angers
Intervenantes et intervenants
- Diane Baudoin, Université de Paris Panthéon Assas
- İlhami Tekin Cinemre, Karadeniz Technical University
- Adrien de Jarmy, Université de Strasbourg
- Julia Doroszewska, Université de Varsovie
- Junjie Du, École du Louvre
- Cédric Ferrier, Archéologie & Philologie d’Orient et d’Occident (AOROC) - CNRS - ENS - Université PSL
- Apolline Gay, École Pratique des Hautes Études et Université Libre de Bruxelles
- Zaruhi Hakobyan, Université d’Erevan
- Ashish Kumar, Université du Panjab
- Ergün Laflı, Université Dokuz Eylül
- Maria Lidova, Académie russe des sciences
- Marc Malevez, Université Libre de Bruxelles
- Jeanne-Nicole Mellon Saint-Laurent, Marquette University
- Justine Mounaud, École Pratique des Hautes Études - Université PSL
- Sipana Tchakerian, Institut National d'Histoire de l'Art
- Marine Tesson, Université de Mayotte
- Irena Teodora Vesevska, Université de Skopje
Partenaire de l'événement
Cet événement est organisé en collaboration avec le Centre Interdisciplinaire de Recherche sur les Patrimoines en Lettres et Langues (CIRPaLL) de l’Université d’Angers.
Lieu de l'événement
Maison de la Recherche
salle D 223
28, rue Serpente 75006 Paris
28 rue Serpente 75006 Paris
Orient & Méditerranée, textes - archéologie - histoire
L'unité mixte de recherche "Orient et Méditerranée" est constituée de six équipes qui occupent une place unique dans le paysage européen de la recherche pour les études sémitiques, les études byzantines et la médecine grecque, et sont des lieux d’excellence reconnue pour les études égyptiennes, islamiques et de l’Antiquité tardive. Leur rapprochement a permis de développer des études transversales fondées sur les thèmes et les disciplines communes à l’ensemble de leurs recherches et de faciliter les échanges entre spécialistes de champs voisins.
Équipes :
- Mondes pharaoniques
- Mondes sémitiques
- Antiquité classique
- Monde byzantin
- Médecine grecque et littérature technique
- Islam médiéval