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Séminaires : Archives manquantes ?

Ce séminaire aborde la question des archives et la construction de l’histoire littéraire et culturelle dans l’espace germanophone depuis 1945. Absentes, délaissées, cachées ou invisibles, quels sont les mécanismes et stratégies qui sous-tendent la fabrique d'archives ?

  • Du 17 fév. 2023 au 02 juin. 2023

  • 14:00 - 16:30
  • Séminaire
  • Maison de la Recherche, INHA et Université de Nantes.

Ce séminaire, conçu comme le point de départ d’un projet pluriannuel de recherche et porté par la Faculté des Lettres de Sorbonne Université (REIGENN) et Nantes Université (CRINI), se propose d’interroger la question de ces archives absentes, délaissées, cachées ou invisibles et de questionner l’archive comme institution afin de mettre au jour les mécanismes et stratégies qui sous-tendent sa « fabrique ». Le point de départ est d’interroger trois domaines minorisés de l’histoire littéraire et culturelle contemporaine de langue allemande et les questions archivistiques qui s’y rattachent :

  • l’historiographie des avant-gardes écrite par des femmes, séance animée par Agathe Mareuge,
  • les archives des auteurs et autrices est-allemandes, séance animée par Bénédicte Terrisse,
  • les littératures à thématique LGBTQI+, séance animée par Jean-François Laplénie.

En histoire culturelle, et notamment en histoire des arts et de la littérature, le début du XXIe siècle a vu un regain d’intérêt pour une recherche appuyée sur des archives : fonds personnels d’artistes, bibliothèques d’écrivaines et d'écrivains, archives des maisons d’édition et des institutions de mise en valeur des œuvres, ce mouvement ouvre largement le spectre des archives potentiellement utilisables, en écho à une diversification des pratiques d’archivage. Ce phénomène d’expansion et de multiplication, voire de prolifération, non seulement des archives elles-mêmes, mais aussi de leur exposition, ainsi que de leur valeur sur le marché, a pour pendant ce que l’on nomme souvent désormais un « archival turn », largement fondé sur une « pulsion d’archive » (Hal Foster) : le goût pour le document et l’intégration d’archives matérielles à l’œuvre artistique ou littéraire. Les archives ne sont ainsi plus seulement des sources, mais deviennent sujets à part entière.

Toutefois, ce tournant archivistique et cette vénération emphatique de l’archive tendent parfois à ignorer ou occulter la manière dont les archives sont fabriquées. Pourtant, ni les fonds en eux-mêmes, ni le processus d’archivage, ni même les procédures de conservation ou de description de ces fonds ne sont neutres : ils représentent un lieu d’autorité et de pouvoir dans la constitution du savoir et l’écriture de l’histoire littéraire, artistique et culturelle, tant il est vrai qu’ils impliquent un choix, une sélection – et par là même, une (des) exclusion(s). Ces pratiques obéissent, au moins implicitement, à des logiques de canonisation, qui intègrent ou, au contraire, laissent de côté des pans entiers de la production littéraire et artistiques d’une l’époque. Les archives du « contemporain », ou des époques récentes, n’échappent pas à ce phénomène.

Les questions suivantes sont abordées:

  •    Quels fonds d’archives ? sous quel statut juridique ?
  •    Quelle est la volonté (scientifique, politique) qui a présidé à leur constitution ?
  •    Quelles sont les pratiques de recueil, de conservation, d’exploitation et de mise en valeur qui en découlent ?
  •    Quelle est la place des fonds littéraires ou artistiques dans des archives potentiellement pluridisciplinaires ? comment les archives prennent-elles en compte (ou non) la pluridisciplinarité éventuelle des auteurs et autrices ?
  •    Comment la théorie s’est-elle saisie de ces enjeux méthodologiques jusqu’à maintenant ou les a-t-elle au contraire ignorés?

Ce séminaire de recherche est organisé par les unités de recherche REIGENN (Sorbonne Université) et CRINI (Nantes Université) avec le soutien du Centre André Chastel (UMR 8150) et de Philomel (Initiative Genre, Sorbonne Université).

Comité d'organisation
Jean-François Laplénie, maître de conférences à l'UFR d'Études germaniques et nordiques de la Faculté des Lettres de Sorbonne Université (Unité de recherche 3556, REIGENN) et membre de l'initiative interdisciplinaire Philomel
Agathe Mareuge, maîtresse de conférences en Études germaniques de la Faculté des Lettres de Sorbonne Université (Unité de recherche 3556 REIGENN et Unité mixte de recherche 8159 Centre André-Chastel / CNRS)
Bénédicte Terrisse, maîtresse de conférences en Littérature germanique à Nantes Université (Unité de recherche 1162, CRINI)

Les séances ont lieu les vendredis de 14h à 16h30. Une diffusion en hybride est prévue. Le lien sera disponible une semaine à l’avance sur le carnet de recherche de Reigenn.

  • « Politiques des archives LGBTQI+. Un fonds à la marge : les collections Michel Chomarat à la bibliothèque de Lyon » le 17 février 2023, Maison de la Recherche (28 rue Serpente, 75006 Paris), salle D323. Archives LGBTQI+. Invité : Antoine Idier, Sciences-Po Saint-Germain-en-Laye / CESDIP, Paris
  • « Traces (in)visibles. Archives, éditions et expositions de Emmy Hennings et Hugo Ball » le 17 mars 2023, INHA (2 rue Vivienne, 75002 Paris), salle Ingres. Femmes & avant-gardes. Invitée : Christa Baumberger, Galerie Litar, Zurich
  • « Le fonds Jan Faktor de l'Académie des arts de Berlin : une entrée dans les archives éphémères de la Prenzlauer-Berg-Szene ? » le 12 mai 2023, Nantes Université, FLCE (Campus Tertre, Chemin de la Coursive du Tertre, 44300 Nantes). Auteurs et autrices de RDA. Invitée : Sibylle Goepper, Université Jean Moulin Lyon 3, IETT.
  • Table ronde et séance collective : Archives manquantes, perspectives pour un projet pluriannuel le 2 juin 2023, Maison de la Recherche (28 rue Serpente, 75006 Paris), salle D323.

L'unité de recherche Représentations et identités. Espaces germanique, nordique et néerlandophone (REIGENN)

L'unité de recherche REIGENN, rattachée à l’école doctorale Civilisations, cultures, littératures et sociétés (ED4-020) de la Faculté des Lettres de Sorbonne Université, regroupe des chercheures et chercheurs spécialistes des aires culturelles germanophone, nordique et néerlandophone.

Les principes généraux de son activité scientifique reposent sur l'étude des « représentations » et des « identités » dans les trois espaces culturels de référence, sans oublier les espaces multiculturels tels que l'Autriche ou les anciennes provinces orientales de l’espace germanophone, Silésie, Bohême ou Prusse orientale, ou encore les anciennes colonies. Les différentes « identités » sont historiques, religieuses, sociales, culturelles, de « genre », etc. Les « représentations » explorées relèvent de l'histoire politique et intellectuelle artistique, des théories poétiques et esthétiques, et de l'anthropologie, et prennent en compte la diversification et les ramifications de leurs expressions. L'optique générale est celle d'une histoire interculturelle de longue durée, qui favorise l'étude des phénomènes de transfert, croisements et médiations, de circulation des hommes et des idées, dans la constitution souvent conflictuelle des identités.