Le "Livre" de Martial et l'autoportrait du poète en épigrammatiste romain

Par Jean-Claude Julhe

Présentation de l'ouvrage sur le site de la maison d'édition

Présentation

« C’est facile d’écrire joliment des épigrammes, mais écrire un livre, voilà ce qui est difficile. » Lorsqu’il fait paraître à Rome son premier recueil d’épigrammes variées, aux alentours de 85 ap. J.-C., M. Valerius Martialis a dépassé la quarantaine. À sa mort, vingt ans plus tard, ce natif de Bilbilis, en Espagne, est devenu le plus grand épigrammatiste latin, connu jusqu’aux confins de l’empire grâce à ses best-sellers.
Comment, après s’être amusé dans sa jeunesse à de petits poèmes de circonstance, s’est-il imposé, avec douze livres publiés chaque année à l’occasion des Saturnales, comme l’auteur d’une œuvre qui devait traverser les siècles ?
Dans la continuité de travaux récents qui contribuent à rendre à Martial la place qu’il mérite dans l’histoire de la littérature occidentale, cette étude novatrice décèle l’unité organique, le dynamisme interne de son corpus de livres, véritable monument dans lequel la satire des mœurs est intemporelle pour autant qu’elle s’inspire de l’actualité d’une époque, celle des chroniques du règne de Domitien. L’enquête est conduite ici à partir des épîtres en prose et des nombreuses épigrammes dans lesquelles le poète prend ses contemporains à témoin de son travail de créateur, revendique contre les plagiaires la propriété intellectuelle de ses vers, et réfléchit en pleine conscience artiste sur la fabrication de ses ouvrages.
Le lecteur d’aujourd’hui sera sensible à la vitalité de ce dialogue qu’illustre une description des livres saisis en leur matérialité d’objets – volume élégamment paré sur lequel s’enroule et se déroule le texte ou codex dernier cri contenant les œuvres complètes des grands écrivains –, livres à la mise en page soignée, sur le frontispice desquels se dessine un autoportrait de l’auteur.