Lettres

Silvia SERRANO

Professeur des universités

Cultures et sociétés d'Europe orientale, balkanique et médiane

Expertises

Mes recherches portent sur la sociologie politique des espaces post-soviétiques. Se démarquant des analyses géopolitiques et de la « transition » à travers lesquelles est souvent perçue la région, elles explorent différentes facettes de la transformation de pays ayant connu –ou tenté- conjointement une sortie du socialisme, de l’autoritarisme et de l’empire. Mes terrains privilégiés ont longtemps été le Caucase (Nord et Sud) ; actuellement je mène des recherches en Russie, à Moscou et dans la région Volga-Oural.
Mes travaux peuvent être présentés selon trois axes :

o 1er axe- Les constructions et politiques identitaires
Un premier axe se situe à la croisée des théories du nationalisme et des études des pratiques administratives impériale et a trait au modèle d’administration des populations et de citoyenneté par lequel l’Etat cherche à imposer sa souveraineté. La Géorgie, en raison de la présence de minorités dites « nationales », de sa construction territoriale et administrative –deux « Républiques autonomes » et une « Région autonome- et de la place qu’occupaient ses élites au sein de l’URSS, constitue un poste d’observation privilégié du difficile passage d’une périphérie d’Empire à un Etat-Nation indépendant. Je me suis intéressée :
o Aux legs soviétiques et tout particulièrement à la territorialisation des identités,
o Au fait minoritaire comme ressource politique,
o A l’administration de l’hétérogénéité, à partir de l’étude des politiques linguistiques et scolaires, puis des politiques de gestion des cultes
S’inscrivant dans l’analyse des modèles et pratiques de gestion de la diversité et du multiculturalisme, ces recherches m’ont permis de mettre en lumière les recyclages, après les accessions à l’indépendance, des dispositifs de gouvernement, des pratiques administratives et des cadres cognitifs soviétiques.

o 2nd axe- Violence et conflits au Caucase
J’ai consacré une partie de mes recherches aux questionnements sur l'articulation entre guerre et formes de déploiement de l’État, à partir de l'étude des conflits ethno-territoriaux qui ont éclaté à l'effondrement de l'URSS. J’ai plus spécifiquement travaillé sur les appareils répressifs et la rationalité de la sous-traitance de la coercition, en interrogeant le lien entre consolidation de l’État et la (re)centralisation des instruments de la contrainte au Caucase (Tchétchénie, Géorgie). Je reviens aujourd'hui à ces thématiques dans le cadre d’un groupe de travail sur les vétérans des guerres soviétiques et post-soviétiques (http://warveteran.hypotheses.org/).

o 3ème axe- Sociologie politique du religieux
Mes recherches récentes ont essentiellement porté sur la recomposition des relations entre religion et politique :
 A la dimension identitaire de l’orthodoxie et à ses liens avec les reformulations du nationalisme ;
 Aux logiques de co-production de l'Etat et de l'Eglise et aux ressources de légitimation fournies par la religion dans l'arène politique ;
 A la place du religieux dans la mobilisation politique et sociale et dans les nouvelles identifications politiques.
Je poursuis aujourd’hui une réflexion sur les possibles déplacements du politique hors de l’État en m'attachant d’une part à la question des services publics religieux et d’autre part à l’islam de marché en Fédération de Russie (Moscou, Kazan).