Marie-Alix MOLINIÉ-ANDLAUER
Doctorante en géographie
Musée et pouvoir symbolique. Essai géographique sur le Louvre
Doctorante en géographie au sein du laboratoire Espaces, Nature et Culture, Marie-Alix Molinié-Andlauer s’intéresse au passage du musée du Louvre au territoire Louvre (musée du Louvre, Louvre-Lens et Louvre Abu Dhabi).
Thèse sous la direction d’Edith Fagnoni, Faculté des Lettres de Sorbonne Université
Crédit photo : Marie-Alix Molinié-Andlauer, 2017-2018
"Dans le cadre de ma thèse, je travaille sur les représentations discursives, c’est-à-dire l’analyse des articles de presse française et des discours produits par l’institution, ainsi que sur les représentations visuelles (photographies sur Twitter, films et dessins d’enfants) du musée du Louvre. Cette méthode permet d’analyser la réputation du musée et d’expliquer la mise en place d’un « territoire Louvre »."
"S’intéresser aux représentations, c’est avant tout comprendre la circulation d’une image d’un Louvre qui induit des comportements différents en fonction de la provenance des individus. Avec les cartes des enfants, j’ai pu constater que le musée du Louvre était déconnecté de la ville de Paris, alors que pour les utilisateurs de Twitter, il incarnait Paris."
"L’implantation du Louvre à Lens est en grande partie une volonté de l’État cherchant à redynamiser un territoire avec un nom réputé. C’est pour cette raison que j’ai pu me rendre sur le terrain à Lens à différentes reprises dans le but d’observer son intégration au territoire. Le Louvre-Lens se trouve au milieu des anciennes cités-minières dont les traces du passé sont réhabilitées, ici un ancien « cavalier » (voie ferrée reliant la mine à la gare) transformé en voie d’accès au parc et au musée."
"L’intention de lier le territoire au Louvre-Lens est forte, l’accès gratuit à la Galerie du Temps permet aux scolaires de venir au musée et de « représenter » le Louvre-Lens de manière positive. Cette expérience entretient la relation forte entre le musée du Louvre et le Louvre-Lens, où ce-dernier devient une forme de laboratoire pour expérimenter des actions territoriales et atténuer la distance entre le Louvre et la population."
"Le Louvre Abu Dhabi étant le plus récent des « trois » Louvre, le terrain a plus particulièrement servi à comprendre dans quel contexte il fut pensé et s’inscrit désormais. Un travail d’archives a été davantage réalisé afin de saisir les enjeux (géo)politiques entre la France et les Émirats arabes unis. La réputation du musée du Louvre qu’alimentent les représentations visuelles et discursives fut l’un des déclencheurs pour la création de ce musée émirien. L’accord intergouvernemental donne l’autorisation pendant 30 ans au musée de porter le nom de Louvre, tout en faisant bénéficier un « savoir-faire » français, par la création de l’Agence France-Muséums, qui participe à son fonctionnement."
"Ces trois Louvre envisagent une nouvelle structuration du « territoire Louvre » ; d’un côté Paris qui se renouvelle et alimente sa réputation avec des actions hors de ses murs, et d’un autre, l’identité Louvre qui sert ces territoires par sa réputation. On peut alors se poser la question de la durabilité pour ce nouveau modèle."