Statue de Lysias réalisée par Jean Dedieu
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Catégories philosophiques, catégories rhétoriques

Ce colloque international analyse les aspects conceptuels de la relation, de la période classique jusqu’à la fin de l’Antiquité, où « philosophe » et « rhéteur » deviennent de véritables professions intellectuelles au langage codifié.

  • Du 15 mai. 2023 au 16 mai. 2023

  • 09:00 - 17:45
  • Colloque
  • Campus des Cordeliers, Amphithéâtre Roussy. Entrée libre.

Bien qu'encore trop négligé, le thème des rapports entre philosophie et rhétorique antiques constitue un riche champ de recherches. Ce colloque cherchera à faire porter l’accent en particulier sur les questions de catégorisation et conceptualisation du discours philosophique, en réfléchissant sur des termes précis issus du lexique ancien de l’analyse littéraire et sur leur acclimatation dans les œuvres philosophiques.

Ce colloque est le premier événement de ce qui est appelé à devenir un chantier pluriannuel portant sur les rapports de la philosophie et des arts du langage, et plus particulièrement de la rhétorique. À quelques exceptions près, ce champ a été largement délaissé jusqu’ici, notamment pour ce qui est de la période tardive. Une opportunité apparaît désormais avec la publication en cours du Corpus Rhetoricum par les soins de Michel Patillon, qui nous donne accès à un ensemble de textes scolaires (commentaires, progymnasmata, traités sur les états de cause et les catégories de style) nous offrant l’aboutissement des réflexions des Anciens eux-mêmes sur la chose littéraire.

Le problème des rapports entre rhétorique et philosophie a marqué les débats sur la rhétorique dès l’origine. Il n’est qu’à rappeler les difficultés soulignées par les sophistes, la position de Platon dans le Gorgias et la réponse d’Isocrate qui revendiquait l’appellation de « philosophie » pour son enseignement, ainsi que la position d’Aristote dans la Rhétorique. Au IIe siècle de notre ère, le rhéteur grec Aelius Aristide, dans ses quatre Discours platoniciens, propose un idéal d’orateur parfait en tant qu’« honnête homme » qui suit les normes éthiques de la philosophie platonicienne et qui utilise des mots en accord avec son caractère. Cette progressive superposition de la figure du rhéteur et du philosophe s’achève pleinement dans la période de l’Antiquité tardive, où nous assistons à des changements sociaux, culturels et religieux profonds et que nous comptons prendre pour objet principal de notre projet.

La confluence des deux domaines concernés s’observe à travers plusieurs aspects, tant pour ce qui est des genres littéraires que des catégories normatives de style :

  • La diversification des types de discours employés par les philosophes selon les objectifs qu’ils souhaitent poursuivre (traités ; commentaires ; épîtres ; éloges ; miroirs du prince ; discours allégoriques et mythes, etc.), l’œuvre de l’empereur Julien et de Synésius de Cyrène étant un exemple particulièrement représentatif de ce climat d’expérimentation littéraire ;
  • La consolidation et systématisation du vocabulaire de l’analyse stylistique, au plan aussi bien macroscopique (analyse des effets de structure par quoi une œuvre est réputée « bien construite », s’agissant par exemple des dialogues platoniciens dont les philosophes commentent abondamment la mise en scène) que microscopique (figures de style ; caractérisation du « ton » du discours philosophique comme « grand », « simple », « vif » ou encore « noble » ; son adéquation à l’objet qu’il se propose, s’agissant notamment d’œuvres de nature théologique) ;
  • La perméabilité du lexique employé d’un domaine à l’autre (emploi de catégories d’origine philosophique dans l’analyse des discours, et inversement) ;
  • La canonisation du cursus des études rhétoriques, avec la production d’un nombre considérable de commentaires aux œuvres de référence en la matière (au premier plan desquelles se trouvent celles d’Hermogène de Tarse), et dont beaucoup sont dus à des figures également actives comme philosophes (comme Syrianus, le maître de Proclus) ou du moins liées au milieu philosophique.

Découvrez le programme complet en téléchargement en bas de page.

Organisation

Cet événement est organisé par le Centre Léon Robin (UMR 8061).

  • Miriam Cutino, post-doctorante, Katholieke Universiteit Leuven (KU Leuven), Belgique
  • Adrien Lecerf, chargé de recherche associé au Centre Léon Robin

Intervenantes et intervenants

  • Pierre Chiron (Université Paris-Est, Institut universitaire de France)
  • Anne-Lise Darras-Worms (Université de Rouen)
  • Johann Goeken (Université de Strasbourg)
  • Solmeng Hirschi (Université de Fribourg, Suisse) 
  • Philippe Hoffmann (École pratique des hautes études) 
  • Constantin Macris (CNRS, Laboratoire d’études sur les monothéismes) 
  • Gheorghe Paşcalău (Katholieke Universiteit Leuven (KU Leuven), Belgique)
  • Laurent Pernot (Université de Strasbourg, Institut universitaire de France) 
  • Robbert van den Berg (Université de Leyde, Pays-Bas) 
  • Cristina Viano (Centre Léon Robin – CNRS, Sorbonne Université)

Partenaires de l'événement

Ce colloque est organisé en partenriat avec l'Università degli studi di Salerno (Italie).

 

© Illustration : Jean Dedieu, Lysias (1685-1695), Parc de Versailles, Rond-point des philosophes. Coyau / Wikimedia Commons / CC BY-SA 3.0.

  • Lundi 15 mai

9h-11h45
Séance présidée par Philippe Hoffmann

14h15-17h45
Séance présidée par Jean-Baptiste Gourinat

  • Mardi 16 mai

9h15-12h
Séance présidée par Frédérique Ildefonse

14h15-17h
Séance présidée par Laurent Pernot

Lieu de l'événement

Campus des Cordeliers
Amphithéâtre Roussy (escalier B, 2e étage)

15, rue de l’École de Médecine - 75006 Paris

Campus des Cordeliers, Sorbonne Université

Centre de recherche sur la pensée antique (Centre Léon Robin)

Le centre de recherches sur la pensée antique, plus connu sous le nom de centre Léon Robin, est une unité mixte de recherche (UMR 8061) placée sous la double tutelle de la Faculté des Lettres de Sorbonne Université et du Centre national de la recherche scientifique (CNRS), et travaillant en partenariat avec l’École normale supérieure de Paris.
Il a pour mission de susciter et coordonner les recherches concernant la pensée antique et son histoire.