Morale et fantaisie dans l'oeuvre en vers de Rimbaud

Rimbaud est souvent présenté comme un précurseur du symbolisme, dont il se rapprocherait par la pensée ésotérique, et, par le concept d’inconscient, comme l’un des précurseurs du surréalisme. En écartant l’interprétation biographique et en considérant l’œuvre de Rimbaud comme un jeu autonome par rapport au moi du poète, l’interprétation structuraliste a conservé cette image de la poésie déshumanisée.

Notre thèse a d’abord le souci de replacer Rimbaud dans la période post-romantique, où les poètes se sentent aliénés dans la société et où le peuple n’est plus guidé par des élites. Dans cette optique, la poésie de Rimbaud n’apparaît pas seulement comme la recherche d’une nouvelle langue poétique mais aussi comme une question sur la vocation d’un poète qui ne se réclame pas d’une transcendance pour distinguer le Bien et le Mal : conscient du risque que l’imagination poétique se perde dans la rêverie d’un poète isolé, Rimbaud remet en cause le narcissisme des poètes contemporains voire son propre narcissisme. L’analyse des occurrences du mot fantaisie dans son œuvre révèle son ambivalence vis-à-vis de sa propre faculté créatrice : au bout du déploiement de la fantaisie individuelle, la question se pose de la liberté des autres sujets. C’est ce moment autocritique qui caractérise la dimension éthique de son œuvre. En nous fondant sur une approche thématique de sa production en vers entre 1869 et 1872 et de l’aspect existentiel que celle-ci revêt, nous tentons d’analyser une modalité particulière du sujet poétique, celle qui consiste à se condamner, jusqu’à se supprimer.
 

Mots-clés : Rimbaud ; vers ; romantisme ; Parnasse ; fantaisie ; imagination ; morale ; éthique ; solitude ; narcissisme ; bohémien ; pitre ; sauveur ; héroïsme ; charité ; abnégation ; aliénation ; bonheur

Membres

• M. André GUYAUX – Professeur émérite, Sorbonne Université
• M. Olivier BIVORT – Professeur, Université de Venise
• M. Yann MORTELETTE – Professeur, Université de Bretagne Occidentale
• M. Yoshikazu NAKAJI – Professeur émérite, Université de Tokyo
• M. Henri SCEPI – Professeur, Université Sorbonne Nouvelle