Penser le style des littératures écrites et dessinées : pratiques de la greffe
L’objet de cette rencontre est d’examiner l’œuvre littéraire et bédéique en tant que corps textuel ou graphique composite, se construisant par ajouts d’éléments plus ou moins extérieurs, greffes ponctuelles ou structurelles, exhibées comme telles ou fondues à même le texte ou le dessin.
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Le 31 mai. 2024
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09:00 - 18:30
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Journée d'étude
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Sorbonne, salle D664.
Inscription obligatoire par courriel.
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Clara CINI
Cette journée d'étude s'intéresse tout particulièrement au phénomène de citation, selon une acception élargie. En effet, nous incluons dans cette notion non seulement la citation dite "littéraire", soit l’incorporation la plus traditionnelle d’un fragment textuel au sein d’un texte d’accueil, mais aussi toute expression apparaissant comme autre à l’intérieur d’un (icono)texte, par l’insertion d’un "discours autre" (direct, indirect, libre ou non) ou d’un énoncé graphique différent (par le trait, la mise en page, etc.).
Dans cette perspective, le copié-collé textuel mis au jour dans certaines œuvres littéraires peut faire écho, dans la bande dessinée, à l’insertion de composantes ne relevant pas de la main de l’artiste, à des éléments redessinés, et plus largement à l’introduction d’"images autres". Les communications permettent dès lors d’évaluer ce qui fonde une spécificité stylistique dans l’insertion du discours autre (Authier-Revuz, 2020) dans les littératures écrites ou dessinées, mais aussi ce qui peut réunir les deux médiums envisagés dans une dynamique commune, notamment par leur tendance à cultiver un réseau de références nommé tantôt intertextualité, tantôt intericonicité.
Pensé en littérature comme un écart avec la norme (Philippe 2021, p. 55), ou comme une illustration de celle-ci, comme l’expression d’une singularité auctoriale (Barthes 1953, p. 13-14) ou comme le reflet d’une allégeance à un courant littéraire (style surréaliste), à un genre (Letourneux 2017, p. 15), voire comme le témoignage de la langue d’une époque (un style Troisième République), le concept de style en littérature s’avère aussi malléable qu’épineux pour la recherche. Prise au croisement de diverses « mystiques » (Rastier 1994, p. 268), à la fois inévitable et malaisée d’approche, la notion a donné lieu à de nombreuses réflexions depuis l’œuvre fondatrice de Charles Bally (1909) instituant en France la discipline de la stylistique. En vertu de sa nature protéiforme, on reconnaît toutefois à la notion de style son adaptabilité puisqu’elle s’emploie aisément pour caractériser tous les domaines et les formes d’expressions, au-delà du seul champ littéraire.
Ainsi, interroger le style en bande dessinée, c'est se heurter aux spécificités du médium : l’hybridité iconotextuelle qui le définit et la réalité souvent collective de sa production. Dans la lignée des approches logocentrées de la bande dessinée, les études liées au style de ce médium se sont originellement concentrées sur ses récits et ses discours (Fresnault-Deruelle 1977). Progressivement, l’intérêt croissant porté à l’esthétique de la bande dessinée a conduit à mener des études stylistiques de ses images, en tentant de dégager des filiations artistiques (Lecigne & Tamine 1983) dans ce qui est considéré non plus seulement comme un médium, mais bien comme un neuvième art. Réévaluer la dimension picturale de la bande dessinée amène à s’interroger sur la qualité des images valant pour elles-mêmes, au-delà de leur rôle uniquement narratif, en mettant au centre de la préoccupation esthétique la notion de graphiation (Marion, 1993 ; Andrieu de Levis, 2019). Cependant, ces travaux n’en restent pas moins sporadiques et les récentes études font, en tentant de le combler, le constat d’un manque critique important (Forceville, El Refaie & Meesters 2014, p. 485 ; Berthou & Dürrenmatt 2019, p. 7).
L’originalité de cette journée d’étude réside dès lors dans le choix d’un corpus protéiforme, en s’intéressant aussi bien aux littératures écrites qu’aux « littératures dessinées » (Morgan, 2003). Tout en s’abstenant de considérer le médium de la bande dessinée comme un simple genre, il s’agit d’envisager, en parallèle ou dans un même geste, des productions pouvant relever de ces deux champs contigus : le roman, la nouvelle, le poème, la micro-fiction, aussi bien que les genres de l’autobiographie au sens large, dans l’album, la planche, le strip, voire le cartoon.
9h30-10h30 : Conférence inaugurale
10h50-13h : Panel 1 – Voix plurielles, écriture chorale
14h30-15h50 : Panel 2 – Dessins et re-dessins
16h15-17h20 : Panel 3 – Usages et propriétés du document
17h30-18h30 : Table ronde
Programme détaillé à télécharger en bas de page.
Organisation
- Arianna Bocca-Pignoni, doctorante, Sorbonne Université, unité de recherche Sens, texte, informatique, histoire (STIH), association La Brèche
- Clara Cini, doctorante, Sorbonne Université, unité de recherche Sens, texte, informatique, histoire (STIH)
- Norbert Danysz, doctorant, Université Lumière Lyon 2, Institut d'Asie Orientale, équipe de recherche Interactions, Transferts, Ruptures artistiques et culturelles (InTRu), association La Brèche
Intervenantes et intervenants
- Jean-Charles Andrieu de Lévis, docteur, professeur de bande dessinée, Université du Québec en Outaouais
- Arianna Bocca-Pignoni, doctorante, Sorbonne Université
- Adrien Brussow, doctorant, Université Paris 8 Vincennes - Saint-Denis
- Giorgio Busi Rizzi, post-doctorant, Universiteit Gent
- Clara Cini, doctorante, Sorbonne Université
- Natacha Czornyj-Béhal, professeure de français
- Norbert Danysz, doctorant, Université Lyon 2
- Azélie Fayolle, chercheuse en littérature, post-doctorante, Université Libre de Bruxelles, Fonds de la recherche scientifique
- Juan Jacobo Centanaro, lecteur d’espagnol, Université de Tours
- Ammar Kandeel, docteur, Aix-Marseille Université et chercheur associé, Institut de recherches et d'études sur le monde arabe et musulman
- Irène Le Roy Ladurie, docteure, Université de Poitiers
- Marion Ott, doctorante, attachée temporaire d'enseignement et de recherche, Université de Lorraine
- Florent Perget, professeur agrégé, Université Paris-Cité et doctorant, Sorbonne Université
- Astrée Ruciak, doctorante, Sorbonne Université
Partenaires de l'événement
Cet événement est organisé en collaboration avec l'Institut d'Asie orientale (IAO) de l'ENS Lyon, l'équipe de recherche Interactions, Transferts, Ruptures artistiques et culturelles (InTRu) de l'université de Tours et l'association La Brèche.
Lieu de l'événement
Sorbonne
salle D664
17, rue de la Sorbonne 75005 Paris
1 rue Victor Cousin 75005 Paris
Sens, texte, informatique, histoire (STIH)
L'unité de recherche Sens, texte, informatique, histoire, articule ses activités autour de 3 axes :
- Modélisation linguistique et épistémologie
- Histoire des usages linguistiques : approches diachroniques et textuelles
- Linguistique computationnelle