Interview de Theodora Psychoyou

Theodora Psychoyou est enseignante chercheuse à l’UFR de Musique et musicologie et membre de l’Institut de recherches en musicologie (IReMus).

La parole universitaire doit s’étendre au-delà des amphithéâtres et être appréciée pour ce qu’elle est aujourd’hui, une parole de médiation et de transmission des savoirs.

Comment vous êtes-vous lancée dans cette aventure ?

Ce MOOC, rendu possible de facto par l’implication de la Faculté des Lettres de Sorbonne Université vient d’un heureux alignement de projets et de calendriers entre les divers partenaires impliqués. La sollicitation de notre UFR de Musique et musicologie par Ambronay et Correspondances s’est produite à un moment où nous réfléchissions aux potentialités d’un support numérique tel que le MOOC. Un autre projet pluridisciplinaire « Geste-Acoustique-Musique » était envisagé à l’époque. Nous avons néanmoins accepté avec enthousiasme cette collaboration étant moi-même spécialiste de la musique du xviie siècle et connaissant Sébastien Daucé de longue date. La Faculté a apporté toutes les ressources pédagogiques, techniques et scientifiques nécessaires à la réalisation de ce MOOC diffusé sur la plateforme edX au nom de Sorbonne Université.


Quel a été votre rôle ?

J’ai rédigé un tiers des contenus scientifiques et mis au profit de ce projet mon expertise en tant que chercheuse spécialiste de la période. Les autres contributions proviennent de Cécile Davy-Rigaux, chercheur au CNRS auprès de l’IReMus et Sébastien Daucé, musicien et directeur musical de l’Ensemble Correspondances.

J’enseigne depuis longtemps la musique du xviie siècle et je suis ravie que ces contenus soient largement diffusés. La parole universitaire doit s’étendre au-delà des amphithéâtres, et être appréciée pour ce qu’elle est aujourd’hui, une parole de médiation et de transmission des savoirs. Notre objectif est de nous adresser à un large public en offrant un vaste panorama du contexte institutionnel et de l’environnement sonore de ce siècle musical. L’histoire sociale, l’histoire des institutions et l’histoire de l’écoute dont celle de la modernité sonore constituent les domaines actuellement très féconds de la musicologie. D’où le choix d’entrer dans l’univers sonore du xviie siècle à travers les lieux de la musique : sur les traces des églises et monastères, des hôtels particuliers, de la cour et des résidences royales, de la scène d’un théâtre, des places publiques ou de la rue, et sur les traces des femmes et des hommes qui les ont investis. Enfin, la spécificité de ce MOOC réside dans sa structuration qui permet une évolution pédagogique à l’aide d’exercices de consolidation et d’approfondissement des savoirs. La richesse des annexes proposées a nécessité un travail minutieux qui a été accompagné par deux ingénieurs pédagogiques de la Faculté des Lettres, Christèle Goulevant et Guillaume Prost.


Que retenez-vous de cette expérience ?

Cette expérience a été instructive et enrichissante à plusieurs titres. Elle m’a permis de mettre des savoirs et des contenus de cours à l’épreuve de nouveaux outils pédagogiques réutilisables dans le cadre de mes enseignements. Ces formats, composés de séquences vidéo, d’ambiances musicales et d’iconographies, permettent une immersion complète dans les lieux correspondant aux répertoires et aux sujets traités. La temporalité du cours n’est plus la même mais la richesse des supports permet une ouverture à d’autres publics tels que les usagers de la plateforme edX ou les membres de l’université Inter-âge de Sorbonne Université.

Après avoir suivi plusieurs MOOC, comme le Théâtre classique rédigés par le professeur Georges Forestier ou Oscar Wilde par le professeur Pascal Aquien, j’en ai découvert l’arrière-scène. Le MOOC, acronyme de massive open on-line course (formation en ligne ouverte à toutes et tous), permet de rendre disponibles nos savoirs à toutes les personnes intéressées, où qu’elles soient dans le monde, quel que soit leur statut, leur projet ou leur niveau d’études. En cela, il correspond aux principes d’humanisme et d’universalité des savoirs, des idées, des points de vue et des systèmes de représentations, si chers à l'université. En ces temps de pandémie mondiale et de tensions sociales et géopolitiques, la perspective que ce MOOC puisse à la fois offrir des savoirs, partager le plaisir de cette musique ainsi que – ce qui est cher à tout enseignante et enseignant – transmettre le plaisir du savoir, se présente comme une consolation inestimable face à la dystopie qui nous entoure.


Présentation du Mooc et inscriptions