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Figures du discours misogyne du XIXe siècle au XXIe siècle

Ce colloque international explore la misogynie dans le roman, du XIXe siècle à nos jours. Malgré l'image du roman comme domaine féminin, le discours misogyne y est omniprésent, évoluant au fil du temps. Cette réflexion interroge les discours juridiques, religieux ou médiatiques, et leur influence sur la représentation des femmes dans la littérature, de Balzac à Houellebecq.

  • Du 28 nov. 2024 au 29 nov. 2024

  • 09:00 - 17:15
  • 28 novembre : Bibliothèque nationale de Tunisie.
    29 novembre : Beït al-Hikma, Carthage

    Entrée libre.

     

  • Feriel Ben Rahima

Ce colloque se propose d’analyser la misogynie dans le roman, une thématique omniprésente, bien que le genre romanesque ait souvent été perçu comme un espace réservé aux femmes. Si le terme « misogynie » est attesté dès la Renaissance, l’hostilité envers les femmes remonte à bien plus loin, et s'est progressivement ancrée dans divers discours — religieux, juridiques, médicaux ou médiatiques. Le colloque vise à comprendre comment ces discours, en alimentant le sexisme ordinaire, ont influencé la représentation des femmes dans le roman. De Balzac à Houellebecq, cette approche examine l'évolution et la transformation de ce discours misogyne dans la fiction, interrogeant le rôle des auteurs et des autrices dans ce phénomène.

Les axes abordés sont les suivants, sans nécessairement s’y limiter :

  • Formes et manifestations de la misogynie. Lui sont associés un certain nombre de clichés structurant nos mentalités : du côté de la délicatesse et de la coquetterie, de la passivité et de l’ingénuité, de la sensualité et de la tromperie, de la sensiblerie et de l’hystérie...  Pour conforter ces stéréotypes et pour asseoir leur stature, l’auteur ou l'autrice et/ou ses personnages utilisent des stratégies discursives diverses et variées, plus ou moins insidieuses, qui demandent également à être examinées de près : le portrait, l’anecdote, l’éloge paradoxal, l’aphorisme, l’allusion, le trait d’esprit...
  •  Espaces-temps de la misogynie. Bien que certaines idées restent les mêmes dans les représentations, le discours misogyne a évolué entre le XIXe et le XXIe siècle. L’espace du dicible et du tolérable, l’espace du désirable et du pensable ont connu des évolutions, des ouvertures et des rétractations. Ils ne sont évidemment pas les mêmes en tout point – et dans chaque société. On peut se demander à quelles différences culturelles imputer la puissance de corrosion ou la force d’effraction conférées à la littérature, parfois investie et suspectée d’une misogynie singulièrement pleine de ruse.
  • Paradoxes et marges de la misogynie. Celle-ci n’est pas sans liens, d’une part, avec l’idéalisation et la célébration de la femme : « une esclave qu’il faut savoir mettre sur un trône », écrivait Balzac. D’autre part, il n’est pas exclu que certaines romancières s’en fassent le relais, explicitement ou souterrainement – sous la forme d’une intériorisation diffuse. Enfin le discours misogyne constitue peut-être la pierre angulaire d’une vision du monde ou d’un système de pensée plus global : ainsi, l’anthropologue Paul Topinard n’affirmait-il pas, en 1873, que « la femme est à l’homme ce que l’Africain est à l’Européen et le singe à l’humain » ?

Programme

9h : Ouverture du colloque

9h15 : Geneviève Fraisse, Conférence inaugurale

Session 1 : Langages
Présidence de séance :
Nadia Ghrandi

  • 9h45 : Fawzia Zouari, Le vocabulaire misogyne
  • 10h15 : Thouraya Belkahia, Le discours misogyne dans la Rome antique
  • 10h45 : Anne Tomiche, “Misogynie” et études de genre

11h15 : Discussion et pause

  • 11h45 : Hind Soudani, La misogynie dans l’écriture journalistique française
  • 12h15 : Nesrine Mejri, Le langage misogyne dans les programmes d’enseignement officiels en Tunisie

Session 2 : XIXe siècle
Présidence de séance
: Boris Lyon-Caen

  • 14h15 : François Lecercle, Misogynie et théâtrophobie au temps de Balzac
  • 14h45 : Marie Janin Sartor, Balzac misogyne ?

15h15 : Discussion et pause

  • 15h45 : Florence Naugrette, Qui parle mal des femmes dans les romans de Hugo, comment, et pourquoi ?
  • 16h15 : Walid Ezzine, Lire Salammbô à la lumière des confidences misogynes de Flaubert dans ses lettres
  • 16h45 : Eloïse Bidegorry, Flaubert et la “tendro-manie féminine”

17h15 : Discussion

Session 3 : Féminismes ?
Présidence de séance :
Pascale Langlois

  • 9h15 : Silvia Lorusso, La femme auteure : piège misogyne
  • 9h45 : Henriette Levillain, Virginia Woolf féministe ? Le discours et l’œuvre

10h15 : Discussion et pause

  • 10h45 : Samia Kassab-Charfi, Béchir Khraïef, un écrivain féministe dans le XXe siècle tunisien
  • 11h15 : Christine Détrez, Elle riait trop fort : l’écriture comme réparation d’une mémoire misogyne

Session 4 : XXe-XXIe siècles
Présidence de séance :
Sonia Zlitni-Fitouri

  • 14h : Jean-Louis Jeannelle, “Que devient alors la femme ?” Malraux, misogynie et roman existentiel
  • 14h30 : Emna Beltaïef, Nathalie Sarraute, écrivaine misogyne ?
  • 15h : Mohamed-Djihad Soussi, “Qui méprise les femmes a compris l’humanité” : misogynie et pessimisme joyeux [sur Socrate dans la nuit de Patrick Declerck]

15h30 : Discussion et pause

  • 16h : Bassem Aloui, Déconstruire le patriarcat dans le roman francophone de l’Afrique noire
  • 16h30 : Romuald Fonkoua, Misogynie et bonne conscience dans les littératures postcoloniales

17h : Discussion et clôture des travaux

Organisation

  • Feriel Ben Rahima, Sorbonne Université
  • Samia Kassab-Charf, Université de Tunis
  • Boris Lyon-Caen, Sorbonne Université

Intervenantes et intervenants

  • Bassem Aloui, Université de la Manouba
  • Thouraya Belkahia, Université de Tunis
  • Emna Beltaïef, Université de Tunis
  • Eloïse Bidegorry, Sorbonne Université
  • Christine Détrez, Ecole Normale Supérieure, Lyon
  • Walid Ezzine, Université de Tunis
  • Romuald Fonkoua, Sorbonne Université
  • Geneviève Fraisse, CNRS
  • Nadia Ghrandi, Université de Tunis
  • Marie Janin Sartor, Sorbonne Université
  • Jean-Louis Jeannelle, Sorbonne-Université
  • Samia Kassab-Charfi, Université de Tunis
  • Pascale Langlois, Sorbonne Université
  • François Lecercle, Sorbonne Université
  • Henriette Levillain, Sorbonne Université
  • Silvia Lorusso, Université de Bari
  • Boris Lyon-Caen, Sorbonne Université
  • Nesrine Mejri, Université de Tunis
  • Florence Naugrette, Sorbonne Université
  • Hind Soudani, Université de la Manouba
  • Mohamed-Djihad Soussi, Institut Supérieur des Langues de Tunis de l'Université de Carthage
  • Anne Tomiche, Sorbonne Université
  • Sonia Zlitni-Fitouri, Université de Tunis

Partenaires de l'événement

Cet événement est organisé en collaboration avec la Faculté des sciences humaines et sociales de Tunis, l’Académie tunisienne des sciences, des lettres et des arts - Beït al-Hikma, le Centre de recherches, d'études, de documentation et d'information sur la femme (CREDIF), la Bibliothèque Nationale de Tunisie, l'Institut français en Tunisie et l'Agence universitaire de la Francophonie.

Lieux de l'événement

Bibliothèque nationale de Tunisie

1008, boulevard du 9 Avril 1938 Tunis, Tunisie

Académie tunisienne des sciences, des lettres et des arts - Beït al-Hikma

25, avenue de la République Carthage Hannibal 2016, Tunisie

Centre d'étude de la langue et des littératures françaises (CELLF)

Le Centre d’étude de la langue et des littératures françaises (CELLF) est une unité mixte de recherche de Sorbonne Université et du CNRS. Il regroupe des recherches en histoire littéraire aussi bien qu’en critique et en théorie littéraire, dans le champ des littératures de langue française de la Renaissance à l’extrême contemporain.