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On the Use and Abuse of Antiquity... De la référence classique et de son instrumentalisation à l’Âge des Lumières

Ce colloque explore comment le XVIIIe siècle réinterprète l’Antiquité classique, entre fidélité érudite et réemploi idéologique, pour penser, justifier ou critiquer les enjeux politiques, sociaux et esthétiques contemporains.

  • Du 22 mai. 2025 au 23 mai. 2025

  • 09:30 - 18:00
  • Colloque
  • University of Chicago John W Boyer Center in Paris, International Institute of Research in Paris (IIRP).

    Inscription obligatoire via ce lien.

Que l’Antiquité classique, grecque et latine, soit au centre de la culture du XVIIIe siècle est un fait avéré, qui a souvent été analysé par la critique littéraire. L’univers classique est investi d’une valeur exemplaire, envisagé comme un contre-modèle à travers lequel penser et catégoriser un présent souvent problématique, ou pour prôner des réformes politiques, sociales, esthétiques.
Or, tout processus de refonctionnalisation et de revalorisation n’est jamais exempt de trahisons, d’instrumentalisations, d’altérations : pour qu’une référence soit productive et applicable à un nouveau contexte en mutation, elle doit faire l’objet de plusieurs modifications qui la rendent parlante et exploitable, afin d’être apte à se charger de significations dépassant le cadre originel de sa formulation. Dans tous les domaines culturels, les textes des anciens sont repris, fidèlement commentés ou ouvertement réinterprétés selon les exigences argumentatives d’écrivaines et d'écrivains qui, de manière plus ou moins volontaire, y projettent leur vision du monde et leurs préoccupations.

Ce colloque se propose d’analyser et d’approfondir ces écarts, de mettre en lumière le jeu dialectique fructueux qui s’opère entre une réception du monde antique de plus en plus régie par des contraintes historicistes et proto-scientifiques (avec les premiers pas de disciplines telles que l’archéologie, la philologie, etc.), et une utilisation encore très libre et fertile de l’héritage classique, sollicité sans trop de contraintes pour soutenir tout argument, qu’il soit éthique, politique ou esthétique. 

Les objectifs sont les suivants :

  • identifier les incompréhensions ou les réemplois « détournés » des textes, des histoires et des figures classiques
  • approfondir les qualités et les finalités de ces transformations de la matière antique
  • analyser leurs chemins et leurs impasses, leurs entorses et leurs reconfigurations

Les interrogations auxquelles ce colloque tente de répondre sont les suivantes :

  • Pourquoi choisir de se référer à l’Antiquité, et avec quelles finalités ? 
  • Comment les sentences, les textes historiques ou philosophiques, les répertoires de héros et de dieux antiques sont-ils relus à l’âge des Lumières, et comment se retrouvent-ils engagés dans le discours culturel contemporain ? 
  • À quelles exigences de fidélité et à quels détours actualisants sont soumis les traités et la littérature grecs et romains ? 
  • Comment toute réappropriation de la parole antique et de son imaginaire s’avère-t-elle  convenable aux nouvelles exigences expressives et idéologiques des philosophes, et comment les mêmes images ont-elles pu, au contraire, se révéler fonctionnelles à leur condamnation ?

Programme

9h50 : Mot de bienvenue de Robert Morrissey

10h : KEYNOTE

  • Larry Norman, Œdipe, de Corneille à Voltaire (et au-delà) : tracer l’évolution des réécritures de Sophocle

11h40 : SESSION 1 - Esthétique

  • Tara Cruzol, Les rééditions de l’"Histoire Naturelle" de Pline par le sculpteur Étienne Maurice Falconet : une controverse littéraire et artistique au XVIIIe siècle ?
  • Josselin Prouteau, Ruines de l’humanisme, fondations de l’esthétique ? Le détournement de l’autorité d’Horace dans la théorie de l’imitation de Charles Batteux

14h : SESSION 2 - Les mots des Anciens

  • Alicia Montoya, Mesurer la modernité des classiques dans l’Europe des Lumières : Une approche bibliométrique
  • Matteo Marcheschi, Primus in orbe deos fecit timor. La catastrophe et l’origine de la religion : usages et réélaborations d’un motif ancien au XVIIIe siècle

15h40 : SESSION 3 - L’Antiquité ModERN(e)

  • Dario Maria Nicolosi, Clément Castellon et Glenn Roe, À la recherche de réemplois de textes antiques au XVIIIe siècle

17h : Discussion

10h : SESSION 4 - Détournement d’images I

  • Ourida Mostefai, Une Lucrèce pour la modernité ? Les reconfigurations de l’héroïne antique au siècle des Lumières
  • Anaïs Guittonny, Reconfigurations du mythe des Amazones dans la France des Lumières : condamner un modèle d’émancipation féminine

11h40 : SESSION 5 - Détournement d’images II

  • Noémi Duperron, Le motif homérique politisé : transformations et instrumentalisations des Adieux (1792-1804)
  • Mathilde Vallières, Momus, Midas, Marsyas : récupérations polémiques des mythes antiques dans la critique d’art française du XVIIIe siècle

14h : SESSION 6 - Architecture et sciences I

  • Charline Granger, Le(s) théâtre(s) antique(s), une utopie et un repoussoir pour les Lumières
  • Francesca Pagani, L’antiquité et le jardin des Lumières. Une utopie esthétique

15h40 : SESSION 7 - Architecture et sciences II

  • Olivia Sabee, Pierre-Jean Burette parmi les modèles antiques pour la danse en France, 1717-1801
  • Ioana Manea, "Le Mémoire sur les tremblements de terre de Calabre pendant l’année 1783" de Déodat de Dolomieu : l’héritage aristotélicien façonné à la science expérimentale

17h : Cocktail

Programme détaillé à télécharger en bas de page.

Organisation

  • Glenn Roe, professeur des universités de littérature française et humanités numériques, Centre d'étude de la langue et des littératures françaises (CELLF), Sorbonne Université
  • Dario Maria Nicolosi, post-doctorant, Centre d'étude de la langue et des littératures françaises (CELLF), Sorbonne Université

Intervenantes et intervenants

  • Tara Cruzol, Université de Toulouse
  • Noémi Duperron, Université de Genève
  • Charline Granger, CNRS
  • Anaïs Guittonny, Shannon College - University of Galway
  • Ioana Manea, Universitatea Ovidius din Constanța
  • Matteo Marcheschi, Università di Pisa
  • Alicia Montoya, Radboud University
  • Ourida Mostefai, Brown University
  • Larry Norman, University of Chicago
  • Francesca Pagani, Università di Bergamo
  • Josselin Prouteau, Sorbonne Université
  • Olivia Sabee, Swarthmore College et  EHESS
  • Mathilde Vallières, Université McGill et Sorbonne Université

Partenaires de l'événement

Cet événement est organisé en collaboration avec l'University of Chicago - International Institute of Research in Paris, l'University of Chicago John W. Boyer Center in Paris, l'European Research Council et l'ERC ModERN.

Lieu de l'événement

University of Chicago John W Boyer Center in Paris
International Institute of Research in Paris (IIRP)

41, rue des Grands Moulins 75013 Paris

Centre d'étude de la langue et des littératures françaises (CELLF)

Le Centre d’étude de la langue et des littératures françaises (CELLF) est une unité mixte de recherche de Sorbonne Université et du CNRS (UMR 8599). Il regroupe des recherches en histoire littéraire aussi bien qu’en critique et en théorie littéraire, dans le champ des littératures de langue française de la Renaissance à l’extrême contemporain.